Les années se suivent et se ressemblent au Service des communications de l’UQAM, laboratoire de confection de l’image de l’institution d’enseignement du Quartier latin.
On le dit, on le répète. En fait, ça n’a jamais été un secret, la réputation de l’UQAM à travers le Québec a été entachée plus souvent qu’à son tour par les grèves, les manifestations, la casse. En découle la cerise sur le sundae, la capacité de son administration à cultiver l’opacité.
La dernière année n’a pas fait exception.
1er novembre 2018 : dans le cadre de son édition papier d’automne, le Montréal Campus soumet une première demande au Service des communications pour une entrevue avec la rectrice Magda Fusaro, dans l’optique de réaliser un retour sur sa première année à la tête de l’UQAM. Trop tôt, nous dit-on. La rectrice « préfère accorder cette entrevue au terme de sa première année en poste, à la fin janvier ou au début février ».
À la fin du mois de janvier, la rectrice se dit favorable à une entrevue. Deux semaines plus tard, après relance, « la rectrice n’est pas prête à faire cette entrevue bilan. Elle souhaite finaliser certains chantiers entamés avant de se prononcer. Elle a l’intention de le faire prochainement et vous ferez partie de sa tournée des médias », indique le Service des communications dans un échange de courriels.
Certes, Mme Fusaro est sortie de son mutisme à quelques reprises. Elle-même a demandé à s’entretenir avec le journal à la suite d’un article portant sur le remplacement du comité de révision de la Politique 16 où était fortement critiquée… sa transparence.
Outre un quinze minutes pour discuter de la campagne de financement « 100 millions d’idées » qui nous a été offert, il n’a toujours pas été possible de s’entretenir avec Magda Fusaro afin de la confronter sur les enjeux qui ont marqué sa première année en poste.
Cette opacité s’est matérialisée sans relâche au cours des dernières années. Les journalistes du Montréal Campus ont cessé de comptabiliser les réponses défavorables aux demandes d’entrevue soumises aux membres de l’administration, ceux-ci et celles-ci étant indisponibles, ou ne pouvant que répondre aux questions par courriel, deux semaines plus tard. Or, la directrice des relations avec la presse pourra s’en charger et répondre aux questions, sans crainte.
La directrice se permet même à l’occasion de poser des jugements face aux dossiers que tentent de construire, tant bien que mal, les journalistes du Campus. Ce fut notamment le cas lors d’une longue entrevue cherchant à faire la lumière sur le manque de tact de l’UQAM dans certains cas d’intoxication au GHB qui avaient été rapportés à l’Université. « J’essaie de comprendre l’intention d’écrire là-dessus, de publier là-dessus, vraiment », insistait la directrice, avant de préciser ce qui devrait ressortir selon elle dans ledit article.
L’UQAM, traînant un lourd passé, est en campagne de séduction, alors que son nombre d’inscriptions a rencontré des périodes de turbulence. N’empêche que les membres de l’administration ont des comptes à rendre à la population étudiante. Si Actualités UQAM a sa vision éditoriale, le Montréal Campus a la sienne, soit d’être critique et à l’avant-garde des enjeux cruciaux de l’Université, des violences sexuelles sur le campus aux difficiles conditions de stages imposées aux étudiants et aux étudiantes.
« Il nous a semblé que cette tendance [du contrôle de l’information entre les murs de l’UQAM] se soit intensifiée depuis une réorganisation des instances de direction en juillet 2015, qui a notamment annexé le Service des communications – et donc la Division des relations avec la presse – au rectorat », soulevaient les anciens co-rédacteurs en chef du Campus en 2016.
Le Montréal Campus qui s’en prend à la transparence de l’UQAM ? Oui, du déjà-vu, direz-vous. Mais cette problématique récurrente ne fera que nuire aux tentatives de l’Université de ramasser les pots cassés, qui sont trop souvent balayés sous le tapis.
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