Des milliers de jeunes parcourent Montréal pour la planète

Plusieurs dizaines de milliers d’étudiants et d’étudiantes sont descendu(e)s dans les rues de Montréal, vendredi après-midi, afin de lutter contre l’inaction gouvernementale face aux changements climatiques. En cette même journée, des collectifs étudiants se rassemblaient pour la même cause dans plus de 100 pays de la planète bleue.

On comptait dans la foule montréalaise, énergique et pacifique, beaucoup de jeunes d’écoles secondaires, de cégeps et d’universités. « Pourquoi aller à l’école si notre futur est en péril», pouvait-on lire sur l’une des nombreuses pancartes aux messages très variés.

Le long contingent s’est d’abord rassemblé près du parc Jeanne-Mance, avant de se mettre en marche peu avant 14 heures. Les manifestants et manifestantes ont perturbé la circulation de plusieurs artères, dont la rue Sainte-Catherine et le boulevard Saint-Laurent, avant de terminer leur course à la Place des Arts.

Motivés par les appels à manifester de la militante suédoise de 16 ans Greta Thunberg, plusieurs autres contingents ont parcouru les rues du monde entier dans la journée de vendredi. Des marches avaient d’ailleurs lieu dans d’autres villes québécoises.

« On n’aurait pas dû se rendre au besoin de sonner l’alarme, affirme l’attachée de presse du collectif La planète s’invite à l’université Dalie Lauzon-Vallière. L’alarme est sonnée depuis des années. J’ose espérer que les gouvernements comprennent le message et agissent très rapidement. »

Le collectif La planète s’invite à l’université revendique l’intégration d’un plan de conscientisation à l’environnement et à la crise climatique au système d’éducation national. Le mouvement réclame également la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici 2030 et de 100 % d’ici 2050, afin d’atteindre la cible établie par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  

L’urgence d’agir

« La planète, c’est la base de tout, donc n’importe quelle cause y est reliée », observe la co-porte-parole du collectif La planète s’invite au Cégep du Vieux-Montréal Léa Delambre. L’étudiante explique que son groupe cherche à faire pression sur les gouvernements, mais aussi sur leur propre établissement scolaire, qui avait promis la mise en place d’un système de compostage. Celui-ci se fait toujours attendre.

Celle qui est à l’origine des marches pour le climat des élèves du secondaire à Montréal, Sara Montpetit, se réjouit de voir que le mouvement prend de l’ampleur. Depuis le 15 février, plusieurs de ces jeunes font l’école buissonnière les vendredis après-midi afin de protester contre les changements climatiques.

« Il y a une sensibilisation qui est créée [quand] les étudiants viennent marcher et quand ils entendent les nouvelles ou [lisent] les journaux. C’est mission accomplie, parce qu’on crée un sentiment de panique chez tous les étudiants », exprime Sara Montpetit, instigatrice du mouvement Pour le futur Montréal.

Appui des enseignants et enseignantes

Le collectif Profs pour la planète, qui regroupe des enseignants et enseignantes de tous les niveaux, est venu en appui au mouvement étudiant vendredi.

« On le sait depuis 30 ans qu’il y a un réchauffement climatique et, malheureusement, on est ultra lent à réagir. Les jeunes, partout sur la planète aujourd’hui, sont en train de nous donner un coup de fouet et c’est important de les remercier », exprime l’instigatrice du collectif, Violaine Brisebois-Lavoie.

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Fait pour rester ?

Dalie Lauzon-Vallières se dit confiante de l’efficacité d’un tel mouvement. Le gouvernement du Québec avait proposé, deux jours avant la tenue de la manifestation, de rencontrer les représentants et représentantes du collectif La planète s’invite à l’université. Bien que l’invitation ait été refusée afin d’attirer l’attention médiatique sur la manifestation, cela démontre une ouverture du gouvernement, selon Mme Lauzon-Vallières, étudiante à l’Université de Montréal. « Les gouvernements sentent de la pression », croit-elle, en ajoutant que d’autres événements similaires sont prévus prochainement.

L’enseignante au cégep Mme Brisebois-Lavoie demeure réaliste quant à l’effet de ce rassemblement. « C’est magnifique ce qui se passe aujourd’hui, mais le problème va persister », avance-t-elle, craignant que les changements politiques mettront du temps à se concrétiser. « Par contre, on va forcer [les décideurs politiques] à bouger plus rapidement qu’ils l’auraient fait si on n’avait pas été ici », ajoute-t-elle.

« C’est un premier pas. Je ne pense pas que [cette manifestation] va changer les choses, mais c’est peut-être une manifestation qui va commencer une série d’événements qui vont changer les choses », croit Jovier, un étudiant au collégial et manifestant.

Une lutte à poursuivre

L’une des coordonnatrices du collectif La planète s’invite à l’université : UQAM, Éléonore Dansereau, souhaite la tenue d’un congrès général dans les prochaines semaines. Cela aurait pour effet de rendre l’organisation plus permanente et structurée au sein de l’université, en élisant des porte-parole.

D’autres manifestations devraient également voir le jour à l’UQAM, selon Éléonore Dansereau.

Pour sa part, Sara Montpetit a confiance que les gouvernements n’auront d’autre choix que de répondre à l’appel des manifestants et manifestantes, si ces personnes se mobilisent sur une base régulière. « Beaucoup de gens nous demandent quand on va arrêter [de manifester]. On devrait plutôt se poser la question : quand les gouvernements vont commencer [à agir] ? », affirme l’étudiante de cinquième secondaire.

photos: WILLIAM D’AVIGNON MONTRÉAL CAMPUS

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