Le roman L’odeur du gruau décrit l’évolution d’un groupe d’amis qui passe par le deuil, l’amour, le désir, la rancune et l’implacable sentiment d’amitié. À travers trois époques, les relations s’entremêlent et sont absorbées par les événements, qu’aucun ne semble en mesure de contrôler.
L’auteur, Alexis Rodrigue-Lafleur, diplômé du certificat en français écrit à l’UQAM, propose dans son premier roman une série d’aventures tumultueuses pour les nombreux personnages, dont l’amitié est le liant.
« Dans leurs relations amoureuses, leurs deuils ou les différentes difficultés qu’ils peuvent vivre, c’est tout le temps l’amitié qui vient [les] aider et [les] apaiser là-dedans », souligne l’auteur en entrevue avec le Montréal Campus au café Byblos, à la veille de son lancement.
L’histoire commence doucement, alors qu’un groupe dans la vingtaine profite de l’été chaud de 2009. Entre les soirées qui s’éternisent dans les parcs, les bières froides, les baignades improvisées et les journées passées au café, les sentiments fougueux d’une jeunesse innocente bouleversent le cours des choses.
« Des fois, on regarde vers le passé et on constate qu’il y a des affaires qu’on a presque oublié […] et que ça fait encore partie de soi. Je trouvais intéressant de faire vivre à des personnages un découpage temporel, dans l’espoir qu’ils puissent revivre ces choses », précise Alexis Rodrigue-Lafleur. Si le temps paraît figé lors du premier été, l’histoire évolue rapidement lorsque l’auteur nous transporte jusqu’en 2018, puis 2028.
Certains détails psychologiques, qui semblent échapper au lecteur, ne sont toutefois que le résultat voulu de l’auteur. « Je n’avais pas envie de décrire des émotions très précises, précise l’auteur. Sans tomber dans la mélancolie ou dans le long spleen, j’avais envie de ne pas rendre ça mielleux. Je voulais être direct et concis. Si quelqu’un est triste, il est triste. » Selon lui, c’est une interprétation qui peut facilement être laissée à la discrétion du lectorat.
L’écriture évolue au même rythme que le vieillissement des personnages. Plutôt dans l’action et les réactions vives durant leur jeunesse, la plume de l’auteur se transporte dans les pensées, la réflexion et l’acception avec le temps.
Maladroit à certains moments, le style apporte un vent de fraîcheur en étant tantôt lyrique, tantôt expéditif. Le lecteur ou la lectrice peut avoir l’impression de se perdre dans un trop-plein d’émotions, sans jamais les comprendre totalement.
Chaque sentiment vécu par les personnages refait son apparition d’une époque à l’autre. Un personnage vit un deuil prématuré et un autre entame une peine d’amour intense, choses auxquelles ils devront y faire face à nouveau vingt plus tard, mais pour des raisons différentes.
Si les protagonistes sont bouillonnant(e)s et téméraires dans leur vingtaine, le temps qui passe apporte avec lui une sagesse qui apaise leurs cœurs insouciants. L’auteur porte un regard bienveillant sur le quotidien et apporte en toute légèreté une vision désinvolte d’un monde imparfait dans lequel le deuil, l’amour et l’amitié ne font qu’un.
photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS
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