The Big House ou l’exorbitant temple du football

Dans son premier documentaire tourné hors de son pays natal, The Big House, le réalisateur japonais Kazuhiro Soda tâche d’illustrer les excès de la culture américaine à travers un seul et même lieu : le mythique Michigan Stadium, domicile de l’équipe de football de l’Université du Michigan.

Avant d’amorcer le tournage de son film en 2016, le cinéaste ne connaissait rien au football américain, a-t-il lancé jeudi soir en marge de la diffusion du long métrage aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). « Je ne connais pas encore les règles », a ajouté avec humour M. Soda.

Si les caméras filment l’équivalent de trois matchs complets, elles ne montrent peut-être qu’une minute de jeu. Le spectateur n’a donc pas besoin de connaître la longueur d’une verge ou la valeur d’un touché pour comprendre le documentaire.

La ville d’Ann Arbor, là où ce mastodonte est situé, comptait à peine 120 000 âmes en 2017. Le Michigan Stadium, surnommé The Big House, peut accueillir un total de 107 601 personnes, ce qui en fait le plus grand stade de football américain au monde. « C’est devenu un microcosme de la société américaine », a observé M. Soda, qui a tourné le film alors qu’il était professeur invité de l’université américaine.

« À chaque match, le stade est plein à craquer. C’est un phénomène très américain. Nous avons décidé de filmer tout sauf les parties », a-t-il poursuivi, rappelant surtout l’importance de capturer les traditions fondamentalement américaines retrouvées sur les lignes de côté.

Trois journées à Ann Arbor

L’équipe de tournage, composée de 17 personnes, soit le réalisateur japonais ainsi que des membres de la communauté étudiante et du corps professoral de l’Université du Michigan, souhaite démontrer la cacophonie, l’ampleur et les débordements d’une journée de football dans l’État du nord des États-Unis.

La première scène, filmée à l’aide d’une caméra montée sur un parachutiste, démontre l’ambition et la grandeur des idées de l’équipe de tournage. L’arrivée donne l’impression à l’audience d’être présente et de faire elle-même son entrée dans The Big House. La salle est alors est plongée dans une assourdissante vague de bleu et de jaune, les couleurs de l’équipe locale.

Le documentaire explore tous les recoins du Michigan Stadium, des cuisines à l’entrée de l’immeuble, en passant par la galerie de presse. En quelques heures, une immense structure de fer gris se colore et se remplit, résultat du travail exhaustif du personnel du stade. Rarement les joueurs occupent le premier rôle.

Les employés et employées de l’édifice vivent « une journée de douze heures pour un match de football de trois heures », observe dans le film une infirmière interrogée par le réalisateur.

Immersion sonore

M. Soda, qui a monté le film, a passé énormément de temps sur le mixage du son. Si les dialogues sont rares, c’est l’incessant bourdonnement de la foule qui occupe surtout les oreilles. La fanfare des Wolverines joue aussi un rôle majeur et fait figure de leitmotiv dans tout ce brouhaha.

« Le film documentaire vise à faire part de l’expérience. Le son est très important [dans ce film] pour que l’audience se sente immergée dans cette place », a souligné le réalisateur.

L’hypersécurité, la consommation excessive et les prix exorbitants des produits sont d’autres références à la culture américaine que M. Soda glisse dans son film. La production d’environ deux heures s’éternise légèrement dans les dernières scènes du film, qui auraient pu être partiellement coupées. Mais quoi de plus logique que d’étirer un film sur l’excès à l’américaine ?

photo fournie par les RIDM

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