Les œuvres et les pratiques d’art performance, en étant documentées et démocratisées, peuvent obtenir un statut muséal, ou toute autre reconnaissance, pour s’imprégner dans l’imaginaire collectif.
L’archivage et la documentation de photographies peuvent réellement concrétiser la performance dans un contexte muséal, mais c’est en l’intégrant davantage à sa programmation régulière que le musée contribue à cette visée, pense la candidate au doctorat en histoire de l’art à l’UQAM Anne-Marie Dubois.
Une œuvre performative conserve sa valeur lorsqu’elle est documentée, ce qui lui permet d’être matérialisée et de s’inscrire dans une collection muséale, croit pour sa part le candidat à la maîtrise en muséologie à l’Université du Québec en Outaouais Jean-Michel Quirion.
« Le processus de muséalisation de la performance et de sa présentation résulte [d’un dialogue] entre les artistes et les autorités muséales », indique-t-il.
Cela ne devrait toutefois pas faire fi de la narrativité, du contexte et de la médiation d’une œuvre, estime Anne-Marie Dubois. Les intentions de l’artiste devraient toujours être considérées, ajoute-t-elle.
Au Musée d’art contemporain de Montréal, une série d’images présente l’œuvre performative Danse dans la neige, réalisée par Françoise Sullivan en 1948. Cette danse improvisée s’inspire de l’évolution d’un cycle des quatre saisons. C’est à l’aide d’une fiche descriptive que la mise en contexte de cette performance est livrée au public.
Les musées modernes diffusent de la performance depuis les années 1960, mais c’est particulièrement depuis « la fin des années 1990 que le musée procède concrètement à sa muséalisation », souligne Jean-Michel Quirion.
Hors du musée
Les musées ne sont toutefois pas nécessaires à la diffusion d’œuvres performatives, bien qu’ils contribuent à la reconnaissance de la discipline dans le milieu artistique, estime le membre fondateur et initiateur du projet Les Sans Desseins, Geoffroi Massicotte.
Son projet prend vie sur une plateforme Web utile à la création et à la diffusion d’événements ou d’œuvres aux pratiques plus éphémères. À cet effet, les réseaux sociaux s’avèrent un excellent moyen d’organiser et de promouvoir les pratiques du burlesque, de la danse contemporaine, de la poésie, du slam, de la drag, de l’humour, de la peinture en direct, du beatbox, du rap et de la performance, selon lui.
Les revues d’art permettent également à cette discipline de rester vivante et de s’inscrire dans l’imagerie collective, soutient la candidate au doctorat en histoire de l’art à l’UQAM Anne-Marie Dubois.
« Grâce à de nombreuses initiatives venant des centres d’artistes, qui valorisent grandement la pratique et la médiation dans la population », cette pratique est très présente au Québec, remarque-t-elle. La biennale VIVA ! Art Action à Montréal, la biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda et la Rencontre internationale d’art performance de Québec contribuent notamment à sa démocratisation.
L’art performance est une « discipline relativement récente, dont les formes d’expression évoluent continuellement et considérablement », rappelle Jean-Michel Quirion.
photos: LAUREN SAUCIER et SARAH XENOS (ARCHIVES) MONTÉAL CAMPUS
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