Seulement trois des huit cafés étudiants de l’UQAM opèrent un système de compostage, un défi logistique et financier pour ceux qui souhaitent aller de l’avant dans ce virage écologique.
Les cafés Aquin, Salon G et Humani-thé ont en commun le fait de composter le marc du café, soit les résidus après l’utilisation d’un filtre. Les deux premiers font affaire avec la compagnie privée Compost Montréal, alors que le troisième prétend l’envoyer au Collectif de recherche en aménagement paysager et agriculture urbaine durable (CRAPAUD).
« Il est tout à fait possible pour l’ensemble des cafés étudiants de venir porter [leurs] résidus de cafés dans nos bacs à compost, a déclaré le CRAPAUD dans un échange de courriels. Nous avons trois bacs, divisés en fonction de l’état de décomposition de la matière. »
S’il existe un Fonds vert à l’UQAM afin de financer des projets écologiques de la communauté universitaire, le comité environnemental de l’Association étudiante du secteur des sciences (AESS) souhaite que la récupération du marc de café soit prise en charge directement par l’administration. « Si l’UQAM arrive à gérer un système de [compostage autogéré], au lieu des étudiants, ce serait un truc plus durable », croit l’employée du café Sain Fractal Anaïs Lucas, qui est également impliquée au comité.
Même si elle fait part du fait que l’idée ait souvent été lancée, le comité environnemental n’a pas encore entamé de démarche à ce sujet auprès de l’Université. « L’un des plans depuis la dernière réunion [du comité environnemental] est de s’informer auprès des autres universités pour voir quelle est la procédure qu’ils ont entamée [pour le compostage], avance-t-elle. Je pense que ça nous aiderait à savoir comment s’y prendre. »
Depuis près de dix ans, l’Université de Montréal récupère le compost dans l’ensemble des 19 cafés étudiants. Cette démarche est entièrement financée par l’Unité du développement durable de l’établissement et fait suite à une demande étudiante.
Être écologique, mais à quel prix ?
Au café Le Philanthrope de l’UQAM, la réutilisation du marc de café a pris fin en septembre dernier. « On a reçu un message de Compost Montréal [datant d’octobre 2017] disant que nos sacs n’étaient pas réglementaires parce qu’ils n’étaient pas biodégradables », rapporte l’employée Joséphine Simard. Malgré cet avis, ils ont continué d’utiliser pendant près d’un an des sacs composés de polypropylène, un produit qui se dégrade rapidement, mais qui laisse des résidus de plastique.
Le type de sac qu’accepte Compost Montréal doit être certifié biodégradable. « Ces sacs-là coûtent trois fois le prix des sacs normaux », fait part l’employée du Philanthrope, qui cherche une alternative à leur coût trop élevé. « Tant qu’on ne change pas nos sacs, on est bloqué », affirme-t-elle, soulignant que cela fait partie des défis de l’autogestion du groupe étudiant. Le café offre toutefois un rabais à ceux qui apportent leur tasse et privilégie les produits en vrac.
Au Café des arts et de design, d’autres mesures environnementales ont été prises. « On avait parlé d’avoir [d’un système de compostage] au café, mais on ne s’est pas encore rendu jusque-là. Pour l’instant, on a commencé tranquillement à implanter des mesures écoresponsables, comme avoir plus de tasses réutilisables », rapporte une employée, Léa Castonguay.
Elle ajoute que ce « virage écoresponsable » est financé par le Fonds vert de l’UQAM. « Le processus par lequel il faut passer est vraiment compliqué, du fait que quelqu’un doit venir ramasser le compost et l’UQAM n’offre pas ça », complète une autre employée du Café des arts et de design, Gabrielle Gauthier. Joséphine Simard, du Philanthrope, atteste cependant que c’est un employé de l’UQAM qui venait chercher jusqu’à tout récemment leur sac pour le porter à Compost Montréal.
« On a essayé de travailler avec Compost Montréal, mais ça engage des frais assez considérables qu’on ne peut pas couvrir pour l’instant », ajoute Gabrielle Gauthier, qui fait valoir que les deux succursales du Café des arts et de design sont gérées par des étudiants qui ont peu de temps à consacrer à cet enjeu.
« De notre côté, à l’UQAM, on y va par étape. On vient de couvrir nos cuisines [avec un projet de récupération des déchets organiques], et au courant de l’automne, on va commencer un projet pilote dans la plus grande cafétéria, la Verrière, pour la cueillette de matière organique post-consommation », affirme la conseillère en développement durable de l’UQAM Cynthia Philippe. Si les résultats se montrent concluants, l’université viserait à récupérer les déchets alimentaires de l’ensemble du territoire uqamien.
photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS
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