Raccrocher les jeunes enseignants

Après l’abandon des études chez les jeunes Québécois, le milieu de l’éducation fait face à un nouveau problème : le décrochage des enseignants fraîchement diplômés de l’université. Malgré des mesures d’insertion, plusieurs professeurs s’attendent à obtenir plus de soutien de la part du gouvernement et des commissions scolaires.

« Plus de 25 % des jeunes diplômés en enseignement quittent la profession après cinq ans », a rappelé la présidente du Conseil de diplômés de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, Yolande Brunelle, lors d’une conférence tenue mercredi dernier à l’UQAM.

Réunis au pavillon Athanase-David de l’UQAM, sept panélistes, tous liés au domaine de l’enseignement, ont tenté d’apporter des pistes de solution au problème du décrochage enseignant. Ils ont reçu en retour de nombreuses réactions, quelquefois émotives, de la part d’un public majoritairement composé de professeurs.

De nombreux facteurs expliqueraient l’exode dans le milieu professoral, dont un manque de soutien pédagogique aux nouveaux enseignants. « Lors de ma première année d’enseignement, la présence d’une technicienne en éducation spécialisée dans ma classe m’aidait beaucoup, a affirmé la jeune enseignante au primaire Kim Desnoyers. Malheureusement, dans les années qui ont suivi, je n’ai plus jamais eu d’aide dans ma classe. J’ai été laissée à moi-même. »

Programme efficace?

Plusieurs conférenciers ont tenu à vanter les programmes d’insertion professionnelle présents dans la province, qui visent à fournir un appui aux membres de la communauté enseignante dans leur passage du milieu universitaire vers les classes.

La responsable du programme d’insertion professionnelle de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Marie-Guylaine Dallaire, met beaucoup d’espoir dans ce type de programme, qui n’existait pas au début de sa carrière. « J’aurais beaucoup aimé avoir un programme d’insertion professionnelle en début de carrière, a-t-elle dit. C’est très important pour les jeunes enseignants de profiter de ce qu’il leur est offert. »

Moins de vingt ans après l’implantation des premiers programmes d’insertion sociale, à peine plus de vingt commissions scolaires, sur les soixante-douze que compte la province, font appel à ceux-ci.

Or, l’insertion professionnelle est aussi critiquée par plusieurs. « Oui, il faut demander de l’aide, mais je pense qu’il faudrait changer la culture de responsabilisation du professeur », a commenté une ancienne enseignante présente dans le public.

Un problème plus large

Cette pénurie dans le bassin de professeurs disponibles se fait sentir dans les commissions scolaires, qui éprouvent des difficultés à trouver des employés. « Fondamentalement, valoriser la profession enseignante comme société, c’est le premier facteur déterminant [pour combler cette lacune] », a avancé la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, en entrevue avec le Montréal Campus.

Pour venir en aide aux membres du corps enseignant, elle propose de fournir des primes pour ceux qui évoluent en milieux défavorisés ou avec des élèves en difficulté. En ayant accès à ces compensations, les nouveaux professeurs accepteraient plus facilement des emplois plus ardus. « Ça vient avec le financement nécessaire du gouvernement, qui tient les cordons de la bourse », nuance Mme Harel Bourdon.

Les critiquent fusent

La position du gouvernement du Québec et de la classe politique dans la valorisation de l’enseignement a d’ailleurs occupé la discussion mercredi soir. Les panélistes et certains membres de l’audience ont vertement critiqué le manque de soutien gouvernemental envers la profession.

« J’ai été déçu, au début de ma carrière, de constater que les compétences des enseignants n’étaient pas assez reconnues et valorisées dans la société en général, a confié le membre du panel Jean-Guillaume Dumont, qui a quitté l’enseignement après une maîtrise à l’UQAM. Si c’était le cas, les budgets en formation continue, les salaires, les heures rémunérées seraient beaucoup plus élevées. »

Après le cri du cœur des infirmières, « je pense que le même cri du cœur mériterait d’être entendu de la part des enseignants », a-t-il conclu.

 

photo : MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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