« Les Revenants » : encore un retour difficile des djihadistes en France

« Il n’y a pas de Playstation dans le désert », a expliqué le journaliste français de Radio France Internationale David Thomson en conférence à l’UQAM mardi. Le groupe armé État islamique perd du terrain, et les revenants, ces jeunes Français partis faire le djihad, retournent nombreux et déçus dans leur pays d’origine et réintègrent difficilement la société.

L’auditoire est mis en garde dès le début de la conférence : « Pas de direct et attendez avant de publier vos photos », explique le responsable de l’événement. « Question de sécurité », ajoute-t-il en hochant la tête vers David Thomson. Quelques exemplaires de son deuxième livre concernant la déradicalisation, Les Revenants, sont feuilletés par les journalistes sur place : la table est mise.

La déradicalisation religieuse pose un sérieux problème en France, alors que « les prisons agissent comme un incubateur de l’extrémisme et que les centres de réadaptation ne fonctionnent pas », s’inquiète David Thomson. Le journaliste français a suivi une vingtaine de candidats en voie de déradicalisation et affirme qu’un seul d’entre eux s’en sort aujourd’hui.

Les vingt individus à l’étude proviennent de milieux pauvres et aisés et la majorité de ceux-ci sont incarcérés. Ils partagent un aspect en commun: tous ont quitté la France dans l’espoir de « pulvériser leurs frustrations par l’entremise de l’État islamique », remarque David Thomson. « La France n’est pas prête émotivement à prendre des décisions suite aux attentats qu’elle a subis, avoue le journaliste, mais le danger est réel, puisqu’il existe un islamisme radical virtuel bien présent sur Facebook. »

Les réseaux sociaux deviennent un élément duplicateur du radicalisme, expose David Thomson. « Tout commence lorsqu’ils likent une page Facebook de ‘’sensibilisation’’ d’un mec de Lyon pas plus vieux qu’eux. Trois rencontres ont lieu. L’un part en juin, le reste du groupe le rejoint. Ils reviennent quelques mois plus tard, sauf un. Il sera l’auteur du Bataclan. »

À la rencontre des revenants

« Comment avez-vous approché les revenants? », demande un homme dans la pièce. « Tout a commencé dans les rues de Tunis, se souvient David Thomson. Je m’y suis rendu alors que le mouvement était public, en 2012. » Les journalistes n’y sont pas très appréciés, mais le reporter se fond dans le décor. Cette expérience lui a permis d’entrer en contact avec ces revenants et d’agir comme relais de l’information, puis ultimement, d’écrire ses livres sur la problématique. David Thomson rentre en France préoccupé, mais bien déterminé à trouver des pistes vers la déradicalisation.

 

photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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