Combattre l’aiguille par l’aiguille

La communauté uqamienne est sur le pied d’alerte pour contrer la hausse de surdoses de fentanyl à Montréal. Sur la centaine de patrouilleurs qui pourront intervenir en cas de surdose sur le campus, une quinzaine a déjà suivi une formation spécialisée et la distribution d’un dépliant informatif est enclenchée.

L’Université du Québec à Montréal (UQAM) a annoncé lundi dernier des mesures de sécurité préventives quant à l’arrivée du fentanyl à Montréal. Selon la directrice des relations de presse et des événements spéciaux de l’établissement, Jenny Desrochers, l’UQAM voulait à tout prix faire partie de la solution. « Depuis vingt ans, nous avons une patrouille saisonnière de mai à octobre qui parcourt l’extérieur du bâtiment et qui constate les problématiques. L’équipe intervient dans certaines situations auprès d’utilisateurs de drogues injectées qui fréquentent le centre-ville », déclare-t-elle.

Une quinzaine de patrouilleurs ont été formés jusqu’à maintenant, et une centaine devrait l’être au total. Questionné à savoir si d’autres membres de la communauté uqamiennes devraient être formés, le directeur par intérim du Service de la prévention et de la sécurité de l’UQAM, Jean-François Champagne, s’est montré prudent. « De prime abord, je pense que c’est important d’utiliser les services de sécurité pour faire face à ça, indique-t-il. On a d’autres organismes partenaires, qui sont nos voisins, qui ont aussi des intervenants spécialisés pour intervenir auprès des gens utilisateurs de drogues injectables ».

« L’échéancier, ce n’est pas nous qui le contrôlons. Là-dessus, nous travaillons en collaboration avec [le Ministère de] la santé publique. Il y a toute la question de la chaîne d’approvisionnement qu’on doit finaliser », a tranché M. Champagne. Entre autres, des seringues et des doses de naloxone devront être acheminées aux agents formés.

M. Champagne assure également qu’aucun fonds supplémentaire n’a été nécessaire pour mettre en marche les formations. « Dans notre budget d’exploitations de services de sécurité, nous avons aussi des budgets dédiés à faire de la formation ». Il n’a pas écarté la possibilité qu’un investissement soit essentiel dans le futur.

Assurer la sensibilisation

Le Centre québécois de luttes aux dépendances (CQLD) a mis sur pied une campagne d’information officielle sous la forme d’un dépliant contenant des informations sur les effets du fentanyl et les actions à poser en cas de surdose.

Le Centre a récemment procédé à une distribution massive de quelque 20 000 dépliants sur la région métropolitaine. « Le CQLD ne fait que commencer la distribution. On a d’abord ciblé les cliniques de toxicomanie et les organismes qui pourraient potentiellement avoir cette clientèle-là. Plus il y a de gens informés, plus la prévention atteint ses cibles », soutient la directrice générale du centre, Anne Elizabeth Lapointe. Le CQLD invite les associations étudiantes à les contacter pour recevoir des dépliants. « On va suivre la situation de près afin de voir s’il n’y a pas d’autres outils qu’il faudra développer en lien avec la crise du fentanyl », ajoute la directrice.

La sensibilisation à la prise d’opioïdes de grande puissance est déjà une partie intégrante du mandat de l’Association étudiante de l’École des Sciences de la gestion (AéESG), assure son président, Guillaume Valladon. Les organisateurs ainsi que les bénévoles présents lors de la tenue de leurs événements sont en tout temps sur le qui-vive. « Si on assiste à un échange ou à une prise de drogue, on va immédiatement expulser les concernés de l’endroit. On surveille de près ce genre de comportement », décrit-il. M. Valladon se dit très réceptif à développer une entente avec le CQLD.

Le responsable aux affaires financières de l’Association facultaire de langues et communication de l’UQAM (AFELC), Cédrick Mainville, affirme également vouloir imprimer ces dépliants et les mettre à disposition des étudiants. « Je crois que toutes les associations étudiantes devraient faire de même, estime-t-il. Il n’y a jamais de mal à être informés sur un phénomène potentiellement dangereux. »

 

photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS

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