Deux associations étudiantes en grève ponctuelle

En réaction à l’expulsion temporaire d’un étudiant de sociologie et à la menace d’expulsion définitive qui pèse toujours sur un autre, l’Association des étudiants et étudiantes en sociologie de premier cycle et du certificat en immigration et relations interethniques (AEESPC-CIRI) sera en grève du 31 octobre au 3 novembre prochain.

Les étudiants qui se sont vus expulsés cet été occupaient pour la plupart des postes politiques au sein d’associations étudiantes. Une coïncidence qui n’en est pas une selon Thomas* et Vincent*, membres du comité exécutif de l’AEESPC rencontrés par le Montréal Campus. « Ceux qui se sont fait expulser ont participé à des manifestations, mais il ne faut pas oublier qu’ils n’étaient pas seuls, racontent-ils. C’est juste qu’eux ont leur nom sur des papiers d’association. C’est sûr que certaines personnes expulsées avaient une certaine notoriété, mais on ne parle pas de chef ni de leader. C’est juste du monde qui a été élu en assemblée générale. »

« La menace de se faire expulser plane à chaque fois qu’on parle de faire de la mobilisation étudiante, s’inquiète Thomas. C’est pas normal d’avoir peur de manifester pour nos droits. »

Cependant, selon la porte-parole de l’UQAM, Jenny Desrochers, les étudiants n’ont rien à craindre s’ils respectent les règlements de l’Université. « Le comité disciplinaire est en place pour faire respecter la sécurité des personnes, ainsi que des biens matériels de l’UQAM », rappelle-t-elle.

Un comité éthique?

« La Cour supérieure du Québec a reconnu la conformité et l’équité procédurale de nos processus dans des cas similaires survenus antérieurement, insiste en outre Mme Desrochers dans un échange de courriels. Mise en place en décembre 2015, la bonification du processus disciplinaire va au-delà de l’équité procédurale qui avait déjà été reconnue par la Cour. Ce processus est donc conforme à la loi. »

Une explication douteuse selon les membres de l’AEESPC. « Oui, un tribunal a dit que c’était reconnu aux yeux de la loi, mais il a reconnu la souveraineté de l’UQAM dans ses procédures, il n’a jamais approuvé la raison d’être du comité », soutient Vincent.

Ce comité s’attire d’ailleurs des critiques de plusieurs organismes de l’UQAM depuis sa création en 2015. L’AEESPC demande donc au Département de sociologie de lui apporter son « soutien » et qu’il se prononce de façon claire sur cet enjeu lors de la prochaine assemblée départementale, étant donné qu’une forte proportion d’étudiants convoqués cet été par le Comité disciplinaire sont issus du programme. « Depuis 2015, on parle peut-être du tiers ou du quart qui étudiaient en sociologie », indique Vincent.

Le directeur du Département de sociologie, Dorval Brunelle, estime qu’il existe bon nombre de difficultés qui découleraient de la mise en application des revendications étudiantes. « L’UQAM, c’est quand même 45 000 élèves. On a quand même besoin d’un comité disciplinaire. Demander l’abolition de ce dernier exigerait que tous les élèves soient des anges. D’autre part, il ne faut pas oublier que ce comité est une décision du CA, le mieux qu’on puisse faire, c’est de demander une réforme du mode de fonctionnement du comité. » Cependant, il ajoute : « Il y a juste une question qu’il faut se poser : pourquoi ces élèves se sont fait expulser? » Une question qui demeure sans réponse, car ces informations sont actuellement tenues confidentielles par l’UQAM.

« Un des buts de cette grève est de sensibiliser les étudiants à ce qui se déroule. On veut rappeler que l’UQAM s’attaque à nos moyens de nous faire entendre. Il y aura des activités prévues dans cette optique : par exemple, des ateliers et des conférences, du tractage et une manifestation interne auront lieu », informe Vincent.

L’ABICEP se joint au mouvement

Les membres de l’Association des baccalauréats interdisciplinaires des champs d’études politiques (ABICEP) ont également adopté un mandat de grève ponctuelle du 31 octobre au 2 novembre. Ils réclament l’abolition du comité de discipline de l’UQAM et entendent participer à « toute action pour faire pression sur l’administration de l’UQAM sur la question des expulsions [étudiantes] ».

Les étudiants de l’ABICEP se réuniront le jeudi 3 novembre pour reconsidérer leur mandat de grève.

*Noms fictifs. Ces personnes ont accepté de parler au Montréal Campus sous le couvert de l’anonymat.

Photo: ALEXIS BOULIANNE ARCHIVES MONTRÉAL CAMPUS

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