Un sondage publié en septembre dernier démontre que malgré les efforts de parité et la présence grandissante des femmes au niveau universitaire, celles-ci restent très peu présentes dans les postes décisionnels des compagnies québécoises. Plusieurs initiatives visent à améliorer la situation, tant sur le marché du travail que dans les établissements d’enseignement.
Le sondage L’effet A-Léger établit un constat frappant : si 73% des femmes et 78% des hommes interrogés déclarent avoir de l’ambition professionnelle, cette parité ne se transpose pas sur le marché du travail. En effet, parmi les 500 plus grandes entreprises au Canada, seulement 18% des postes de haute direction et 37% des postes de gestionnaire sont occupés par des femmes.
Selon une étude américaine de la Bain & Company publiée dans le Harvard Business Review, les femmes auraient plus de difficulté à passer du milieu scolaire au milieu professionnel que les hommes. Selon ce sondage, les femmes avec moins de deux ans d’expérience professionnelle déclaraient avoir autant d’ambition que les hommes, mais le niveau d’ambition de celles avec plus de deux ans d’expérience dégringolait de 60% par rapport à celui des hommes, qui restait intact.
Selon Isabelle Marquis, il a été prouvé qu’en général, les femmes fonctionnent davantage par méritocratie, c’est-à-dire un système où le bon travail est récompensé par de bonnes notes. Ainsi, au travail, elles continuent à accomplir leurs tâches en méritocratie, et délaissent trop souvent le côté relationnel de leur emploi. Les hommes, de leur côté, ont souvent plus de facilité à travailler par réseautage, ce qui leur est souvent utile à leur arrivée sur le marché du travail.
Solutions pour les universitaires
La clé de la réussite résiderait donc peut-être dans le milieu universitaire, avant que les femmes ne quittent définitivement les bancs d’école. À l’Université du Québec à Montréal (UQAM), plusieurs ressources sont offertes aux étudiants qui désirent obtenir du soutien dans leurs études ou pour leur choix de carrière. Lorsqu’elles le désirent, les étudiantes peuvent tout de même obtenir différents services et un encadrement « pour propulser leur ambition », selon la porte-parole de l’UQAM, Jenny Desrochers. Il existe, parmi les ressources offertes par les Services à la vie étudiante (SVE), « le programme d’aide à la réussite, le Centre de gestion de carrière, le Centre d’entrepreneuriat, et du mentorat pour certains programmes », ajoute-t-elle. Toutefois, aucun de ces services ne s’adresse spécifiquement aux parcours ou aux carrières des femmes.
Pour les professionnels cherchant à améliorer leurs compétences, l’UQAM a mis sur pied la Clinique Carrière, qui offre « des services de gestion de carrière et d’orientation professionnelle à l’ensemble de la population », comme l’explique le directeur de la Clinique, Louis Cournoyer. Ce service ne se concentre pas que sur les femmes, mais offre à tous des rencontres et des activités relativement à leurs différents besoins. Toutefois, selon M. Cournoyer, plus de 70 % de la clientèle se compose de femmes qui possèdent différents diplômes et occupent des postes variés de professionnelles ou de cadres. Un signe que les femmes, étudiantes et professionnelles, auraient peut-être besoin d’un service de soutien adapté. Selon Louis Cournoyer, la Clinique Carrière, même si elle reconnaît les « données d’ordre économique, sociologique et culturel » reliées aux femmes, se concentre d’abord et avant tout sur l’individu et sur l’aide qu’elle peut lui apporter.
Le Défi 100 jours pour l’ambition féminine
Sur le marché du travail, d’autres efforts sont mis en oeuvre afin de réduire l’écart entre hommes et femmes. Isabelle Marquis a ainsi mis sur pied un programme de développement professionnel pour les femmes, le Défi 100 jours. « On voulait comprendre le rapport qu’avaient les femmes avec l’ambition, et on s’est rendu compte que c’était souvent mal vu, que ça avait une notion péjorative. Comme si avoir de l’ambition, selon les femmes, ça voulait dire écraser les autres pour se mettre à l’avant », déplore Mme Marquis.
Une impression qui n’était pas partagée par les hommes sondés. « Pour les hommes, en général, l’ambition passe surtout par la reconnaissance sociale et le rapprochement du pouvoir, tandis que pour les femmes, ça passe plutôt par le dépassement de soi et la détermination », soutient la corédactrice de L’effet A. Selon elle, la façon d’aborder l’ambition – et de la travailler – est donc différente selon le sexe, d’où la création d’un Défi 100 jours.
« Il ne faut pas oublier que ça ne fait pas si longtemps que les femmes sont sur le marché du travail », rappelle Isabelle Marquis. « Le pattern traditionnel n’est pas très loin, et parfois, les femmes peuvent avoir l’impression qu’elles sont moins à leur place que les hommes. »
Photo: DELL INC.
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