À l’occasion du 24e Mondial d’improvisation expérimental (MIE), la CIA (Coalition des improvisateurs anonymes) a reçu du 3 au 10 octobre des ligues en provenance de France, d’Italie, de Belgique et de Suisse. Les diverses équipes se sont affrontées au Café Campus, au Cégep du Vieux-Montréal et au Collège Montmorency dans une compétition aux styles de jeux exaltés, où le partage a primé sur la rivalité.
Pour tous les joueurs, ce tournoi est un moyen de tisser des liens forts et de partager leur passion pour l’improvisation. « La philosophie derrière le Mondial d’improvisation, c’est surtout de promouvoir l’échange dans l’improvisation par la francophonie en général et de découvrir la couleur de chaque pays dans cet art, explique Jean-Alexandre Giguère, organisateur du MIE. C’est aussi un événement de retrouvailles, parce que chaque année ce sont les mêmes ligues qui se retrouvent. »
Cela faisait sept ans que le Québec n’avait pas accueilli le Mondial d’improvisation et la CIA avait l’intention de bien recevoir ses invités qui eux, l’avaient auparavant bien reçue. Comme l’explique Alexandre Legault-Déry, capitaine et président de la CIA, les salles étaient bondées lorsque son équipe et lui ont joué en Europe.
Selon Jean-Alexandre Giguère, lors de la finale l’an dernier en Belgique, le public comptait 1800 personnes. « Il y a moins de population ici et l’offre est tellement grande que souvent les gens vont aller voir des ligues dont le calibre est moins fort, mais où leurs amis jouent, mentionne Alexandre Legault-Déry. Alors, on veut leur montrer que la CIA est capable de les recevoir à plus petite échelle, mais avec le même enthousiasme et la même énergie que quand ils nous reçoivent en Europe. »
Pour l’entraîneur de l’équipe de Strasbourg, Dan Seyfried, ce voyage au Québec est une expérience favorisant les contacts avec les autres. « C’est l’occasion de rencontrer plein de gens, de voyager au Québec et de faire plein de spectacles. C’est, avant tout, une aventure humaine », explique-t-il.
Pour lui, comme pour Alexandre Legault-Déry, la compétition est importante, mais le but premier est de s’amuser. « Il y a une compétition par définition, parce que le jeu est sous forme de match […], mais quand la partie est terminée on passe du bon temps avec eux, on fait la fête », souligne avec joie le joueur de la CIA.
Le Mondial d’improvisation offre une expérience enrichissante, non seulement aux joueurs, mais aussi à son public. Pour les amateurs d’improvisation, comme Pierre-Antoine Vidal, qui en fait depuis six ans — dont trois ans en France —, cette compétition représente une belle occasion d’enrichir son imagination. « Je trouve ça très intéressant de voir des équipes, qui ont des cultures et une manière de faire de l’improvisation très différente jouer ensemble. », confie-t-il.
Des styles de jeux bien différents
C’est dans une ambiance intime et festive que le Québec et l’Italie se sont affrontés au Cégep du Vieux Montréal lors du deuxième match de la compétition le 7 octobre dernier. Les cultures des deux équipes se sont rencontrées pour créer des improvisations complices et colorées. Le style théâtral des Italiens, mélangé au côté absurde du jeu québécois, a grandement plu.
Malgré la barrière linguistique entre les deux équipes, le courant passait très bien entre elles, selon l’arbitre du match, Simon Leroux. « Je pense que dans l’impro il y a beaucoup de barrières qui se défont juste par le fait de vivre l’instant présent et éphémère ensemble. C’est sûr qu’il y a une petite barrière de la langue, mais elle s’efface assez vite grâce aux gestes et aux intentions des acteurs », indique celui qui arbitre depuis maintenant dix ans.
« Du côté des Italiens, c’est vraiment un jeu qui est physique et ils se démarquent avec peu de mots, vu qu’ils ne parlent pas tous français couramment », souligne Jean-Alexandre Giguère en parlant des différents types de jeux des équipes présentes au tournoi. « Les Suisses vont avoir un jeu posé, mais très réel, alors que les Français vont être éclatés dans des événements du quotidien. Les Québécois sont absurdes dans leur humour et les Belges vont rejoindre la bande dessinée en jouant leurs impros sur plusieurs tableaux », ajoute-t-il.
Pour Simon Leroux, qui a joué et arbitré en Europe, le style d’arbitrage entre l’Europe et le Québec diffère. « Les Européens ont, pour la plupart, conservé le décorum formel des années 1980 de la LNI, quoique des fois, ils peuvent être complètement déjantés. Je me suis déjà fait arbitrer par un Darth Vader là-bas », relate-t-il le sourire aux lèvres.
Ce sont les Suisses qui ont remporté le tournoi cette année en prolongation face à l’équipe québécoise lors de la finale qui avait lieu le 10 octobre dernier.
Photo : Catherine Legault
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