Les échanges étudiants sont de plus en plus convoités chez les universitaires qui souhaitent élargir leurs horizons le temps d’une ou deux sessions. Plusieurs obstacles financiers freinent néanmoins les ardeurs des jeunes voyageurs.
Les sessions universitaires à l’étranger ne cessent de faire de l’oeil aux étudiants au premier et au deuxième cycle. Au cours de l’année 2016-2017, 443 étudiants ont choisi de s’envoler à l’étranger pour y étudier, selon les données annuelles répertoriées par le Service des relations internationales (SRI) de l’UQAM. Une hausse de 8 % par rapport à l’année précédente.
Une majorité d’étudiants ne peuvent toutefois pas se permettre cette expérience en raison de la charge financière qu’elle implique. Si le SRI constate que le nombre d’échanges étudiants a grimpé à l’UQAM, la situation est bien différente à l’échelle nationale. Même si 97 % des universités canadiennes offrent des expériences à l’étranger, seuls 3.1 % des étudiants inscrits à temps plein au premier cycle ont choisi de vivre l’expérience en 2012-2013, selon une étude sur l’internationalisation menée en 2014 par Universités Canada.
La quasi-totalité des visas accordés aux étudiants canadiens ne leur permettent pas d’exercer un emploi dans leur pays d’accueil. Selon le conseiller à la mobilité internationale étudiante au SRI de l’UQAM, Francis Brown, les États redoutent que des visas études-travail créent « une instabilité économique sur le marché de l’emploi », qu’ils « complexifient la structure administrative liée aux impôts » et que certains étudiants « trouvent la faille dans le système pour prolonger leur séjour ». La France figure parmi les rares exceptions qui autorisent les étudiants canadiens à travailler un maximum de 20 heures par semaine, ou 964 heures par année, d’après le Service des visas du Consulat général de France à Montréal.
Francis Brown constate qu’il est d’autant plus difficile pour les étudiants québécois d’envisager entreprendre une session à l’étranger sans travailler, dans un contexte où la conciliation travail-études est monnaie courante pour une grande majorité d’étudiants aux études supérieures. Cette tendance culturelle contraste avec celle de leurs voisins européens qui se consacrent souvent exclusivement à leurs études, selon le conseiller à la mobilité internationale.
Il n’est pas rare que certains étudiants contournent toutefois les barrières administratives imposées par leur visa en travaillant au noir. « [Mes employeurs] prenaient un risque en m’embauchant. Je connais des entreprises qui se sont fait contrôler et qui ont dû payer des amendes très salées », explique Ariane*, étudiante en commerce à l’Université McGill, qui a effectué un échange d’un an à Shanghai. C’est grâce à des contacts, principalement des Français expatriés, que l’étudiante est devenue serveuse dans un bar à vin, hôtesse dans un centre commercial de luxe, puis stagiaire en gestion de projets. « Mon employeur trouvait des reçus dont la somme équivalait exactement au montant de mon salaire, confie Ariane. Légalement, il déclarait ces factures comme [étant] des dépenses [de l’entreprise] ».
Je connais plusieurs personnes qui ont posé leur candidature pour un visa de travail, mais qui n’ont pas réussi à l’obtenir Ariane*, étudiante en commerce à l’Université McGill
Comme la Chine exige deux ans d’expérience professionnelle au sein du domaine dans lequel l’étudiant applique, plusieurs étudiants récemment diplômés ne parviennent pas à y obtenir de visa de travail. « Dans mon entourage, je connais plusieurs personnes qui ont posé leur candidature pour un visa de travail, mais qui n’ont pas réussi à l’obtenir », ajoute l’étudiante.
Des outils comme sources de financement
S’il est vrai que le SRI estime que le coût d’une session à l’étranger oscille entre 6000$ et 8000$, la bourse à la mobilité offerte par l’UQAM à tous les étudiants admissibles — soit ceux dont la moyenne cumulative minimale est de 2.8 — en couvre entre 40 % et 50 %, selon l’estimation de Francis Brown. Bien que les montants restants peuvent paraître faramineux aux premiers abords, ce dernier insiste sur les autres sources de financement auxquels les étudiants peuvent avoir recours. Les Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ) couvrent d’ailleurs jusqu’à 65 % du transport international et une partie de l’assurance, en fonction de la destination. S’ajoutent les initiatives individuelles de financement et les dons offerts par certains députés d’arrondissements.
Cependant, l’investissement financier qu’un échange requiert pousse certains étudiants à remettre en question leur projet. L’étudiant en relations publiques à l’UQAM, Nicolas Groulx, a dû aviser le SRI qu’il ne partirait plus à Lille en janvier 2016, faute de budget. « J’ai réalisé qu’on a à peu près six mois pour amasser 6000 à 7000 $, explique-t-il. Pour quelqu’un qui est en appartement, [qui doit] payer ses comptes, en plus de mettre cet argent de côté, ce n’est pas nécessairement facile. »
*Le nom de famille est absent pour préserver l’anonymat de l’étudiante.
Photo: CATHERINE LEGAULT
Peu de visas accordés aux étudiants canadiens leur permettent de travailler dans leur pays d’accueil.
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