Membre de la Ligue nationale d’improvisation (LNI) pour la saison 2015-2016, LeLouis Courchesne accumule les rôles depuis quelques années à la fois comme improvisateur, humoriste, comédien et auteur.
Depuis deux ans, le finaliste de la première saison d’En route vers mon premier gala Juste pour rire porte également le chapeau d’entraîneur de l’équipe Zéphyr de la LicUQAM, la principale ligue d’improvisation de l’Université «Au départ, je n’étais pas sûr de vouloir le faire», avoue-t-il en toute honnêteté. «Je n’avais pas beaucoup de temps et sincèrement ça ne me tentait pas tant que ça à l’époque», énonce-t-il avec les yeux rieurs et le sourire en coin.
C’est Yan Sasseville, capitaine de l’équipe, qui l’a finalement convaincu après lui avoir écrit à quatre reprises. «J’ai demandé à Louis dans un élan de spontanéité, en me disant qu’il allait assurément refuser, raconte le diplômé du baccalauréat en Animation et recherche culturelles. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai continué à le «harceler» pour qu’il me coache. Je n’avais rien à perdre».
«La troisième fois qu’il m’a écrit, je lui ai dit que s’il me réécrivait j’allais accepter. Il m’a réécrit, j’ai accepté», ajoute LeLouis Courchesne, tout heureux d’avoir assumé la blague. Mais l’entraîneur craignait que la différence d’âge ne le trahisse. «Plus on vieillit en tant qu’improvisateur, plus un décalage se crée entre nous et la plus jeune génération, principalement en ce qui a trait au style d’humour, explique-t-il. J’avais peur de ne pas me retrouver dans cette manière d’approcher l’improvisation».
Sous une bonne étoile
Le talent indéniable de l’improvisateur n’aura pas eu raison de son ego. Recrue de l’année à la LNI en 2011, LeLouis Courchesne rougit, l’air presque timide, lorsqu’il se remémore certains des éloges fait à son égard. Reconnaissant, il salue candidement la vie qui lui permet de vivre de son art.
Alors qu’il étudiait le théâtre au Cégep de St-Hyacinthe, celui qui rêvait d’abord être comédien a noué avec la patinoire pour la première fois. «Je suis entré dans l’improvisation par la porte d’en arrière», explique-t-il en riant. Le joueur le plus étoilé de la LNI en 2012 n’a d’ailleurs pas été sélectionné dans la Ligue d’improvisation du Cégep de St-Hyacinthe (LICSH) lors de sa première tentative. «La deuxième année, j’ai été pris, mais seulement parce que j’étais le responsable de la ligue», raconte-t-il en se moquant de lui-même.
Finissant de la cuvée 2001 de l’École nationale de l’humour (ENH), le trentenaire au regard allumé perçoit l’improvisation comme un moteur hallucinant de création. «Tu y apprends à jouer, à écrire et à faire de la mise en scène», révèle-t-il. L’entraîneur à la LicUQAM est reconnaissant de tout ce que la pratique de cet art lui apporte, notamment en tant que scénariste. «L’improvisation teinte ma façon de travailler. Je suis beaucoup plus rapide pour rédiger des scénarios ou des dialogues », rapporte-t-il. Louis Courchesne, de son vrai nom, a notamment scénarisé AniMOUR, la récente web série humoristique où l’on suit un couple irrécupérable qui tente de faire renaître son amour par l’adoption d’un animal de compagnie.
L’absurde, force créatrice
L’humour absurde transcende les multiples projets de l’artiste autant sur le jeu qu’à l’écriture. «C’est ce qui me fait tripper, reprend-il. J’ai énormément de respect pour les gens qui écrivent du drame, mais il existe dans l’écriture absurde et dans celle simplement humoristique une complexité mathématique que j’aime beaucoup travailler. Choisir le mot juste pour faire rire le public demande un travail minutieux qui me rejoint davantage.»
C’est d’ailleurs un ton absurde qu’il a adopté lors de son audition à l’ENH alors qu’il n’avait jamais fait de stand-up devant public. «Je faisais un trompettiste qui jouait dans un orchestre a capella», rigole-t-il en admettant que son style d’humour a évolué avec le temps.
«L’improvisation aussi évolue», explique-t-il en faisant référence au Punch Club, un événement d’improvisation qui s’inspire de la philosophie du hip-hop pour créer des matchs où aucune règle ne restreint les improvisateurs.
«Louis m’impressionne. Il a une rapidité d’esprit et un sens de l’humour qui réussit toujours à me surprendre», souligne Arnaud Soly, coéquipier du Punch Club maintes fois cité comme source d’inspiration par LeLouis Courchesne. «J’ai du fun à improviser avec lui parce qu’il continue à me faire rire, même si ça fait huit ans que nous improvisons dans la même équipe», renchérit-il. Aux côtés de Virginie Fortin, le trio d’improvisateurs a été couronné champion du Punch Club à six reprises.
Enseigner c’est apprendre
Selon l’entraîneur, les jeunes improvisateurs acquièrent aujourd’hui un style de jeu complètement différent de celui dans lequel il a évolué. «C’est beaucoup plus absurde, plus décroché. C’est super intéressant d’être témoin de l’arrivée de ce nouveau genre d’impro qui se raffine de plus en plus et qui est aussi très bien assumé par certains joueurs».
Yan Sasseville estime que le joueur de la LNI apporte de la notoriété à la ligue universitaire. «Louis est un excellent improvisateur et un très bon vulgarisateur», renchérit-il. LeLouis Courchesne aura bien fait de se laisser désirer, puisqu’il soutient qu’entraîner est très formateur. «Enseigner c’est apprendre deux fois», dit-il.
Photo: Félix Deschênes
Laisser un commentaire