Des expos en péril

«Ce que je déplore, c’est le manque total de dialogue à l’UQAM.»

— Börkur Bergmann, directeur du Centre de design de l’Université du Québec à Montréal

Deux mois après le début du débrayage du SETUE, le Centre de design de l’UQAM n’a toujours pas repris ses activités et devra peut-être maintenant annuler davantage d’expositions.

L’institution artistique est fermée depuis le 7 décembre à la suite de l’interruption de travail des membres du Syndicat des étudiant(e)s employé(e)s de l’UQAM (SETUE). Cette fermeture entraîne un bouleversement dans la programmation prévue et décourage l’équipe présentement responsable.

Il est impossible dans le contexte actuel de grève générale illimitée des membres du SETUE de pouvoir garder le Centre de design ouvert, selon le directeur de l’établissement Börkur Bergmann. «Nous employons des étudiants pour l’accueil aux expositions, mais aussi pour le montage et le démontage de ces dernières. C’est une entente qui est faite avec l’École de design depuis ses débuts», explique-t-il.

L’institution, qui existe depuis 1981, ne possède pas beaucoup de ressources autres que les étudiants qui y travaillent, estime la directrice de la Galerie de l’UQAM, Louise Déry. «Le Centre de design n’a pas d’employés pour la technique, ils ont une beaucoup plus petite équipe interne qui s’occupe [de la programmation] des expositions», indique-t-elle. Celle-ci mentionne que la galerie aurait pu ouvrir un jour ou deux par semaine, mais que cela n’aurait pas été viable à long terme sans l’apport des étudiants employés.

En raison du débrayage, l’exposition Papineau Gérin-Lajoie Le Blanc: Une architecture du Québec moderne, 1958-1974, qui devait avoir lieu du 12 novembre au 17 janvier, a été largement écourtée, au final. «C’est une situation déplorable, car c’est une exposition qui nous a coûté très cher», souligne M. Bergmann, sans vouloir préciser le montant exact. L’exposition suivante sur la grille de programmation de l’institution, Supermodels Le design néerlandais, à l’échelle, a dû être annulée, elle qui doit se déplacer à travers le monde et qui ne pourra peut-être pas revenir à Montréal de sitôt.

Aucune autre alternative

Le directeur du Centre de design se dit avoir été obligé de fermer son lieu de diffusion, faute de solutions. «Je crois que les gens dans cette université devraient minimalement s’entendre et que ce serait déplacé de ma part de déplacer une exposition», répond-il lorsque questionné sur les différentes possibilités mises à sa disposition.

Bergmann s’inquiète désormais du sort qui pourrait être réservé à une exposition dont le vernissage est prévu pour le 17 février, si le conflit de travail n’est pas résolu d’ici là. «Je ne vois pas d’autres issues [que l’annulation de l’exposition], beaucoup de gens paient pour cette mésentente, comme le public qui appelle ici et qui se demande ce qui se passe», regrette-t-il.

Ce dernier affirme que la fermeture du Centre de design n’est pas un choix pour soutenir la grève enclenchée par le SETUE, mais plutôt une conséquence de celle-ci. «Ce n’est pas du tout une prise de position, […] ce que je déplore, c’est le manque total de dialogue à l’UQAM, ça commence à être une situation qui va nous nuire», soutient M. Bergmann. Il espère que les différents partis impliqués parviendront à s’entendre le plus rapidement possible.

Ouverte malgré tout

La Galerie de l’UQAM, qui emploie elle aussi des étudiants membres du SETUE, est, à l’inverse du Centre de design, demeurée accessible pour les visiteurs. Elle y est parvenue, car elle dispose de techniciens qui ne sont pas des étudiants employés et parce que l’exposition actuellement présentée, do it Montréal, n’a pas besoin de beaucoup de surveillance, les œuvres d’art étant construites par le public et détruites à la fin de l’exhibition. «Il n’y a pas vraiment d’œuvres d’art avec des valeurs d’assurance qu’on aurait empruntées à des artistes, à des musées ou à des collectionneurs, parce que si cela avait été le cas, je n’aurais pas pu ouvrir la galerie», reconnaît la directrice de l’institution, Louise Déry.

La décision de garder la Galerie de l’UQAM ouverte ne semble pas déranger Philippe Dumaine, un étudiant employé qui travaille à cet endroit. Le rôle que remplissaient les membres du SETUE au sein de la galerie n’ayant pas été attribué à d’autres personnes, cela est selon lui suffisant, plutôt que de forcer l’établissement à fermer. «Ça serait un peu dommage que tout ce travail ne puisse pas être présenté, l’exposition a déjà souffert de l’absence des membres du SETUE parce qu’ils étaient censés faire un travail de médiation, notamment par les réseaux sociaux», relate-t-il.

Au moment d’écrire ces lignes, le conflit de travail entre le SETUE et l’UQAM n’est toujours pas résolu. Le doute plane donc toujours sur une possible date de réouverture du Centre de design. Du côté de la Galerie de l’UQAM, si la grève perdure, il serait possible que cela affecte les expositions futures, les projets de recherche étant présentement suspendus. Louise Déry s’est toutefois montrée optimiste et espère que le débrayage se terminera bientôt. «Notre prochaine exposition ouvre le 1er mars, donc nous avons bon espoir qu’il y ait eu entente d’ici là», souhaite-t-elle.

 

Photo: Samuel Lamoureux

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