Le suicide encore tabou

Le taux de suicide au Québec a tendance à stagner depuis 2007. Pendant cette 26ème semaine de la prévention du suicide au Québec, chercheurs, associations, professionnels de la santé et organismes communautaires tentent d’assembler leurs forces pour accroître la sensibilisation des citoyens face à ce phénomène.

Selon les statistiques de 2013, trois Québécois se suicident par jour. Pour le directeur de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), Jérôme Gaudreault, il faut intensifier les efforts dans la prévention du suicide et en parler davantage. «La semaine de la prévention du suicide permet de mettre la lumière sur ce phénomène partout au Québec, indique-t-il. Le travail de prévention a lieu toute l’année, ce n’est pas en une semaine que le problème va être réglé, il faut que les citoyens se positionnent.»

Plus de prévention au travail

Cette année, l’accent est mis sur la prévention du suicide au travail. Les hommes âgés de 35 à 64 ans sont les plus vulnérables et l’AQPS demande aux entreprises québécoises de s’impliquer davantage dans la lutte contre le suicide. «Les milieux de travail doivent mettre en place des mesures concrètes comme un style de gestion qui favorise la reconnaissance des salariés», recommande Jérôme Goudreault.

En plus d’offrir une ambiance agréable, le milieu de travail devrait être un lieu privilégié pour détecter les personnes en détresse selon Cécile Bardon, chercheure au Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE) à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

«Il faut promouvoir un lieu de travail sain en mettant en place des réseaux de sentinelles. Ce sont des gens qui sont formés pour repérer les personnes en difficultés, pour leur poser les bonnes questions, les accompagner et les référer aux bonnes ressources», indique-t-elle.

Des efforts à intensifier

Le taux de suicide a connu une forte baisse dans les années 2000 mais depuis 2007, ce chiffre a tendance à stagner avec une moyenne de 1124 morts suicidés par année. Pour Cécile Bardon, c’est le signe qu’il faut investir davantage en prévention et en recherche. «Les personnes suicidaires ont besoin d’être soignées avec une combinaison de traitements médicamenteux et une psychothérapie», indique-t-elle. Un avis que partage le directeur d’AQPS. «Les temps d’attente sont beaucoup trop longs au Québec pour consulter un psychologue. Dans la dépression, les médicaments font partie de la solution, mais ce n’est pas suffisant», s’inquiète Jérôme Boudreault. Mireille-Éliane Pilon, responsable de l’accueil du Centre d’écoute et de référence de l’UQAM, croit qu’il y a un manque de volonté du gouvernement et les coupes budgétaires dans le domaine de la santé sont inquiétantes. «C’est comme si on nous disait : faites tout avec rien !» s’exaspère-t-elle.

Garder un œil sur son entourage

Si la semaine de la prévention du suicide ne réglera pas tous les problèmes, elle permet cependant de démystifier le suicide. Pour Cécile Bardon, chacun d’entre nous doit s’intéresser davantage aux personnes qui nous entourent. « Il faut se poser plus de questions sur le bien-être des autres et aider les personnes en difficulté», soutient la chercheure. Chantal Normandin, coordinatrice des communications et du développement de Suicide action Montréal (SAM), remarque que les gens veulent de plus en plus parler de santé mentale. «Il n’y a pas de mal à avoir des pensées suicidaires, nous sommes là pour aider», dit-elle.

Si vous avez besoin d’aide pour vous ou pour un de vos proches, contactez le 1-866-APPELLE et votre appel sera automatiquement acheminé à la ressource de votre région.

Photo : iStock

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