Remarques maladroites ou déplacées, affronts, rebuffades, insultes verbales et non-verbales : le visage de la discrimination sexuelle en milieu de travail change, devient plus insidieux, mais demeure toujours bien présent.
Si ce type de discrimination est interdit par la Charte des droits et libertés du Québec depuis 1977, deux études menées par des candidates à la maîtrise en sexologie de l’UQAM révèlent que l’acceptation de la communauté LGBT en milieu professionnel demeure lacunaire. Les étudiantes ont suggéré des pistes de solution lors d’une conférence présentée mardi, en se basant sur les expériences et points de vue des employés LGBT de la région métropolitaine québécoise.
«Aujourd’hui, les attitudes négatives envers les personnes LGB seraient plus implicites, seraient exprimées de manière plus subtile», note Marie Geoffroy, dont le mémoire de maîtrise porte sur les enjeux de micro-agressions quotidiennes qui accablent les employés de minorité sexuelle. Les remarques les plus anodines peuvent blesser, qu’elles soient intentionnelles ou non.«Les micro-agressions sont plus subtiles, et les personnes ne sont souvent pas conscientes qu’elles vont en faire», explique Marie Geoffroy. Elle cite au passage une étude menée cette année à l’Université de Guelph, qui indique que 29% des minorités sexuelles ont déjà subi de la discrimination sur leur lieu de travail.
Des problèmes d’intégration sont également perçus par la communauté transsexuelle et transgenre. Si les personnes rencontrées par Élizabeth Parenteau ont vécu leur transition en milieu de travail avec succès, elles sont tout de même sujettes à plusieurs formes de discrimination. La candidate à la maîtrise rappelle que les personnes trans sont «trois fois plus susceptibles d’avoir des difficultés liées à l’embauche, à la conservation de leur emploi, ou d’avoir accès à des postes supérieurs.»
Changer pour que l’amour arrive
Pour éradiquer la discrimination sexuelle, les membres de la communauté LGBT souhaitent que l’on favorise l’éducation, de manière à mieux sensibiliser leurs collègues et supérieurs, et surtout qu’on augmente la visibilité de ce type d’initiatives. Marianne, une transsexuelle de 54 ans, souhaite qu’il y ait «une diffusion d’outils qui permettrait de sensibiliser les employeurs […] Il y a un manque d’information, il y a un manque de diffusion de l’information. Alors nous, on veut pas arriver et tout faire ça. Il faut une diffusion plus large qui permet de rejoindre les gens. […] Il faut édifier et aller plus loin.»
La communauté LGBT désire que ces initiatives proviennent de différents niveaux hiérarchiques, soit des cadres supérieurs comme des employés. «Ce serait important qu’il y ait un message clair de la direction que la diversité, c’est la norme, témoigne Oberyn, un bisexuel de 29 ans. La diversité de l’orientation sexuelle, c’est dire qu’on encourage nos employés à être out, et on va participer activement dans la communauté, puis on s’en cache pas.» Selon les conférencières, plus les milieux de travail sont sensibilisés à la diversité sexuelle, moins la discrimination est présente.
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