Éditorial | Des primes sans marché

Les primes de marché sont une pratique courante au sein de la plupart des universités du monde. Elles doivent servir en principe à attirer et à retenir dans son établissement des sommités qui autrement iraient enseigner ailleurs, ou resteraient dans le privé. L’UQAM a versé près de 1 037 536$ en primes de marché rien que pour l’année 2014-2015. Notre institution est loin d’être la seule à utiliser cette stratégie, Concordia ayant dépensé pas moins de 3,5 millions durant la même année fiscale.

Là où j’éprouve un malaise, c’est dans la manière d’attribuer ces primes à l’UQAM. La convention collective entre l’UQAM et son Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM (SPUQ) a ciblé les critères d’attribution suivants: «La rareté des personnes de haut calibre dans la discipline ou le champ d’études concerné, l’excellence du dossier de la personne candidate, la sollicitation d’un autre établissement, s’il y a lieu, et ce, en considérant principalement les besoins prioritaires du département.»

Le fait de rendre optionnelle la sollicitation d’un autre établissement invalide la raison d’octroyer une prime de marché, soit celle d’attirer et de retenir des sommités dans son établissement d’enseignement. On parle alors de bonus à la performance, de l’ordre de 10 à 20 000$, que l’UQAM a octroyés à 86 professeurs en 2014-2015. Ces primes seraient-elles alors une façon pour les professeurs de contourner les plafonds salariaux déterminés par la convention collective du SPUQ?

Comment justifier que l’on accorde des primes de marché à des professeurs en biologie, en sociologie ou encore en mathématiques qui n’ont pas reçu d’offre d’une autre université? Le milieu professionnel par défaut de ces chercheurs est l’université. Existe-t-il réellement un marché compétitif pour les mathématiciens théoriciens ou les spécialistes de la littérature médiévale?

En accordant des bonus à plusieurs professeurs qui de toute façon ne risquent pas de quitter l’UQAM, l’Université n’utilise pas les primes de marché comme elle le devrait. En ce sens, elles représentent à mon avis de l’argent mal investi.

Perdrait-on des professeurs si on cessait de verser aussi généreusement ces primes? Peut-être. Alors qu’on coupe dans le réseau universitaire, que l’on restreint les accès 24h aux locaux pour les étudiants, que la convention collective du SETUE est échue depuis 2014, ces dépenses sont difficilement justifiables aux yeux du reste de la communauté uqamienne.

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