Veillée laurentienne

Un petit rigodon, un solo d’accordéon et une chanson à répondre: la première édition de la pièce Foirée montréalaise, présentée au Théâtre La Licorne, a des airs de la célèbre émission Soirée canadienne. Et c’est le but. À défaut de visiter un village québécois, la troupe du Théâtre Urbi et Orbi explore sans prétention et avec gaieté un quartier de la métropole, en l’occurrence Saint-Laurent.

La nouvelle formule du Temps des fêtes, qui sera de retour l’an prochain avec un autre arrondissement pigé au hasard, fait suite aux Contes urbains qui ont eu pignon sur rue pendant 20 ans. Ce vent de fraîcheur est à l’image du titre néologique foirée qui vient de fratria (fraternité, fratrie) et frairie (festin joyeux), bref une «soirée où l’on a du plaisir, beaucoup de plaisir».

Pour cause, pendant 1 h 45, conteux, chanteux, drameux, poèmeux et musiciens qui ont tous un lien de près ou de loin avec Saint-Laurent se partagent la scène. Chacun y va de son histoire, à la manière d’une typique veillée d’antan. Le public n’est pas pour autant délaissé de la fête, l’animateur Pascal Contamine se plait à interroger les spectateurs à propos de leurs vacances de Noël ou du quartier qu’ils habitent.

Les segments les plus réussis sont ceux qui évoquent davantage l’esprit rassembleur de la Soirée canadienne, version 2015. «Si t’es une artiste qui vit sur le Plateau pis que t’as pas d’argent pour voyager pis que tu veux te sentir dépaysée, pour vrai, prends le métro pis débarque à Côte-Vertu», lance Mounia Zahzam à une jeune femme dans la salle, récitant l’hilarant, et un peu cru conte «Delphine de ville St-Laurent» écrit par Nathalie Doummar.

Même chose pour «Pike River», épopée de Simon Boudreault interprétée avec aplomb par Joachim Tanguay. Le jeune Pike River, tout juste débarqué au Cégep Saint-Laurent, s’y fourvoie royalement en classe pour les beaux yeux d’une Ivoirienne.

Certaines parties, comme l’entrevue vidéo avec le comédien Gilles Pelletier sur la troupe de théâtre des Compagnons de Saint-Laurent, brisent cependant le rythme et l’ambiance festive de la pièce. Les transitions auraient dû être plus raffinées.

Somme toute, cette Foirée montréalaise, portée par de jolis arrangements musicaux d’inspiration traditionnelle qui mêlent harmonica, guitare, contrebasse, podorythmie et vielle à roue, remporte le défi de saisir et de reproduire l’essence pétulante et guillerette de son ancêtre télévisuel.

3.5/5

La pièce Foirée montréalaise est présentée jusqu’au 19 décembre au Théâtre La Licorne.

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