Félix Dyotte faisait sa première montréalaise au Lion d’Or le 12 novembre dernier, seul comme un grand, dans le cadre de Coup de cœur francophone, même si ce n’était pas exactement sa première «première». Il présentait sur scène les chansons qui meublent son premier album homonyme. Après avoir sévi sur la scène locale depuis son Chinatown d’origine et s’être ensuite joint à l’expérience Punkt de Pierre Lapointe en tant que musicien de tournée, Dyotte tente sa chance en solo.
S’appropriant de façon tout à fait assumée une étiquette fleur bleue qui colle à sa musique, à sa voix et à ses mélodies, il réaffirme sa nature intrinsèque sur scène. L’artiste est conséquent du début à la fin. Le concert du Coup de cœur franco était donc à l’image du musicien: doux, éthéré, délicat et posé.
La présence de Francis Mineau (Malajube) à la batterie et de Denis Faucher aux claviers a donné du coffre à l’ensemble, comme un apport protéiné aux chansons de Dyotte. Offrant l’intégralité de l’album à défendre, le chanteur a livré la marchandise. Même si le Lion d’or était loin d’être complet, la tête d’affiche ne semblait pas s’en préoccuper outre mesure.
Après une tournée à travers le Québec, en première partie de Cœur de pirate en formule duo avec la claviériste Carmel Scurti-Belley, l’auteur-compositeur-interprète était visiblement heureux et enthousiaste de présenter ses rejetons en version full band. Mineau et Faucher ont repris leur rôle respectif sur scène, puisqu’ils avaient aussi pris part à l’enregistrement de l’album.
Félix Dyotte habite une scène comme il compose ses chansons, privilégiant la subtilité à la flamboyance. Mais cette approche a les qualités de ses défauts. Si elle laisse le personnage aborder l’expérience du live dans toute sa pudeur, elle dévoile aussi le côté vulnérable de l’interprète et de ses ritournelles.
Et c’est là que réside peut-être le seul problème avec Félix Dyotte, c’est-à-dire dans sa façon de livrer ses compositions comme s’il marchait sur des œufs, avec un certain manque d’abandon et de confiance. Ses pièces sont bonnes, alors pourquoi ne pas les habiter avec plus d’aplomb ?
Le spectacle tel qu’il nous a été présenté vaut tout de même le déplacement, tout comme le disque qui le précède mérite une écoute attentive. Le tour de force de l’auteur-compositeur-interprète est de savoir arrêter le temps, prendre le pouls de ce qui l’interpelle en tant que musicien, nous faire goûter ses influences et proposer des structures mélodiques agréablement anachroniques. Tout ça en évitant le piège de l’exercice de style.
Photo : Alexis Boulianne
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