Michel Biron propose de revisiter l’existence du poète Hector De Saint-Denys Garneau, si peu documentée soit-elle, dans un ouvrage de plus de 450 pages. À travers les mots de Biron et la plume de Garneau se déroule une intrusion dans la vie de cette figure de proue de la poésie québécoise.
Lire une biographie, c’est comme lire une revue à potins; le lecteur épie la vie de quelqu’un. Le chapitre «La passion et l’amitié» propose même de parcourir des bribes du journal intime de Saint-Denys Garneau, où sa vie intime y est exposée de façon indirecte. Sans les nommer, il parlera tantôt de sa brève relation avec l’une de ses tantes ou de son idylle pour une serveuse au grill du magasin Morgan. «Elle était vraiment frappante comme genre; quelque chose de particulier dans ses traits fins, sa pâleur sous ses cheveux d’ébène, son élégance», écrit-il dans son cahier de 1927-1928.
Le poète maniera les métaphores, même dans la maladie. «Je présenterai mon ventre au couteau la semaine prochaine» rédige-t-il en parlant d’une appendicectomie en 1934. Étrange que l’écrivain décédé à 31 ans n’ait publié qu’un seul recueil dans sa courte vie. Biron résume que ce ne sont pas les critiques parfois acerbes ni les résultats de ventes décevants qui expliquent l’effondrement de Garneau, mais bien son caractère inconstant. «À mes heures de sincérité, je me refuse le droit à la vie. Cela passe et à d’autres heures je crois que j’ai le droit d’exister» exprime-t-il dans une lettre à Jean Lemoyne en 1937. De Saint-Denys Garneau avait une âme variante, mais qui teintait justement ses poèmes d’une fascinante sensibilité.
Il ne faut pas se lasser aux premières pages qui donnent l’impression d’assister à un cours d’histoire. C’est certes une lecture fastidieuse, mais Michel Biron fait reprendre vie au «plus grand poète contemporain». Alors que son existence était parsemée de silence, le Québec peut maintenant assouvir son désir de détails sur la vie de ce mythique personnage.
4/5
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