Voyager pour partir, pour voir le monde. Voyager pour créer de la richesse et renouer contact avec les habitants. Alors que la première option est ce que recherche le touriste dans ses destinations, la deuxième se veut une manière plus verte, plus responsable et plus engagée de partir autour du globe.
«Être homme, c’est précisément être responsable.
C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde.»
Antoine de Saint-Exupéry
Alternative au tourisme de masse, le tourisme durable propose de voyager dans une optique de contribution au développement économique de la région visitée. «Le respect de la population, de la communauté et de l’environnement est aussi à prendre en compte», note le professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM, Alain Adrien Grenier.
Le tourisme durable cherche à faire une différence dans la société qui reçoit. «Cela nous demande de tenir compte de trois aspects : la quantité d’argent que nous investissons dans le milieu qui nous accueille, les personnes qui en bénéficieront et aussi, tenir compte de l’environnement. C’est plutôt difficile, mais ce n’est pas impossible», remarque le professeur.
Le voyageur doit être assez sensibilisé afin de faire des choix responsables, en faveur de la société qui l’accueille. Selon Alain Adrien Grenier, il doit posséder la générosité d’âme de penser à son pair. Pour voyager dans cette optique, il faut par exemple privilégier un restaurant local, s’intéresser à un artisan de la région ou encore encourager une auberge tenue par un habitant plutôt qu’une chaîne hôtelière. «L’idée est de faire du développement pas juste pour le profit, mais pour venir en aide à la communauté», explique-t-il.
Le voyageur doit se soucier des traces et des dommages que laisse son passage dans le pays qui lui ouvre ses portes, et considérer les contraintes que cela peut avoir pour les habitants. «Par exemple, ils peuvent être délocalisés par de gros hôtels qui donnent la priorité au tourisme. On peut aussi voir des jeunes qui perdent un peu de leurs racines et de leur culture parce qu’ils doivent se mettre au goût des clients», se désole Valérie Massalaz de l’agence Passion Terre.
Voyager pour s’enrichir
Les gens attirés par le tourisme durable cherchent à partir autrement à la découverte d’un pays. «Généralement, ce sont des personnes qui ont déjà beaucoup voyagé, mais qui ont envie de renouer avec le pays qu’ils sont en train de visiter et cela se fait à travers les gens de la région qui reflètent l’identité d’un territoire», explique la directrice générale de l’agence Passion Terre, Isabelle Pécheux. Ils recherchent plus d’authenticité dans leurs rencontres, selon elle. La clé du succès réside ainsi dans l’investissement personnel et la volonté qu’ils mettront dans leur périple.
«Lors de mon voyage en Malaisie, j’ai travaillé dans un verger. Le but des habitants était d’être autosuffisants, donc on les aidait à atteindre cet objectif», raconte une étudiante de première année en journalisme à l’UQAM, Maude Petel-Légaré, qui a déjà expérimenté le tourisme durable à l’intérieur d’un voyage humanitaire. «Je suis fière de pouvoir affirmer que j’ai contribué au développement de la région», dit-elle. Son implication active lors de son aventure lui permet d’affirmer avoir fait une différence dans la vie de plusieurs Malais. Loger chez un habitant de la région lui a donné la chance de mieux comprendre le milieu qui l’a accueillie.
Maude Petel-Légaré qualifie son odyssée de valorisante. Elle a apprécié le fait d’être pleinement immergée dans un milieu de vie. «En voyageant avec cette conscience-là, ça favorise la création de liens plus directs et nous permet d’échanger, témoigne l’étudiante. Les habitants peuvent nous en apprendre plus sur leur culture et on s’en empreigne plus facilement, car on vit avec eux, on mange comme eux et on adapte notre mode de vie au leur.»
L’expérience est unique et l’appréciation du voyageur, notable. «Ce contact qui a peut-être été perdu dans nos pratiques touristiques actuelles ou passées renaît, et le voyageur est toujours heureux de son voyage quand la rencontre avec la population est là», relate Isabelle Pécheux. Le côté plus humain est l’élément qui fait toute la différence dans ce genre d’expédition. «Le contact et le partage contribuent à la satisfaction du touriste», affirme-t-elle.
La différence réside dans l’encadrement de la pratique touristique. Pratiquer le tourisme et participer au développement durable de la région demande un équilibre qui est dur à atteindre, mais qui est tout à fait réalisable. «C’est accessible à tout le monde et à toutes les bourses, mais ce n’est pas juste en tourisme. C’est une façon de vivre, une approche différente des choses, mais qui demande de faire des sacrifices, des choix plus soucieux envers nos semblables», termine Alain Adrien Grenier, pour qui le tourisme durable se compare à une philosophie.
Photo : Alexis Boulianne
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