Prendre le Tory par les cornes

Âgé de seulement 20 ans, Jean-Philippe Fournier, qui n’a pas encore eu la chance de voter lors d’une élection fédérale, se présente comme candidat sous la bannière du Parti conservateur du Canada au scrutin du 19 octobre prochain.

Étudiant en mathématiques et économie à l’Université de Montréal, Jean-Philippe Fournier affirme sans détour que les valeurs conservatrices ont un intérêt certain pour la plus jeune tranche d’âge en mesure de voter. «À l’échelle du Canada, les conservateurs sont aussi populaires que les néo-démocrates pour les jeunes de 18 à 25 ans», indique-t-il. Il explique cela par le fait que son parti, qui tente de balancer le budget à chaque année, évite d’alourdir le fardeau fiscal pour les générations futures.

La tâche sera cependant ardue pour celui qui se présente dans la circonscription de Saint-Léonard–Saint-Michel, car depuis sa création pour l’élection de 1988, cette région de la ville de Montréal n’a fait élire que des candidats libéraux. «J’ai choisi de me présenter dans cette circonscription pour offrir une voix à cette population qui depuis une décennie est représenté par un membre de l’opposition», atteste Jean-Philippe Fournier.

Un autre jeune candidat conservateur dans la circonscription de Longueuil–Charles-LeMoyne, Thomas Barré, estime que peu importe le résultat lors de l’élection, l’important est de s’engager et de se faire connaître. «Lorsqu’on se présente, on montre de l’intérêt envers le parti. Peut-être que les électeurs de cette circonscription sont tannés et ont besoin de changement. Aucun siège est ingagnable, ce n’est pas impossible si la personne va sur le terrain», analyse-t-il.

Jean-Philippe Fournier partage entièrement les idées économiques de libre marché prônées par le gouvernement de Stephen Harper lors de la dernière décennie. «En ayant un taux fiscal qui est bas, en ayant un gouvernement qui se retire et qui laisse l’individu faire ses choix librement, c’est la meilleure façon de se développer en tant que personne, mais aussi en tant que société», considère-t-il. Ce dernier nuance toutefois ses propos lorsque vient le temps de parler de certains acquis. «Il faut bien entendu des encadrements comme le système de santé public et l’aide au chômage, mais tout cela en ayant une atmosphère qui laisse la liberté de choix», juge le politicien.

Avant de se tourner vers le Parti conservateur, Jean-Philippe Fournier a d’abord expérimenté une autre formation politique. «J’ai déjà été membre du Parti libéral du Canada durant un an, mais j’ai remarqué lors d’une convention que tout le monde avait une version différente pour décrire un libéral», remarque celui qui dit avoir trouvé sa place dans son nouveau parti.

Il pense que le Parti conservateur représente mieux la valeur fondamentale de la liberté, et que c’est ce parti qui a le discours le plus cohérent parmi ses membres. «Chez les conservateurs tout le monde est sur la même longueur d’onde. C’est important pour moi d’avoir une espèce de boussole idéologique. C’est ce qui te permet de rester centré et de ne pas changer d’idée selon les sondages», explique-t-il. D’après le jeune candidat, le changement de discours d’un politicien est ce qui contribue au cynisme de la population.

Faire de la place à la jeunesse

Quant à l’espace qu’occupe la nouvelle génération dans le parti, Thomas Barré souligne que, lors de la fusion de 2003 qui a mené à la création du Parti conservateur du Canada tel qu’on le connaît aujourd’hui, aucune aile jeunesse n’a été mise en place dans le but de permettre aux jeunes de s’impliquer directement dans le parti. «Je crois que c’est bon pour contrer le cynisme dans la population que des jeunes se présentent à l’élection. Ainsi, on a un mélange d’expérience et d’innovation, ce qui permet au parti de se renouveler», avance le candidat de 25 ans.

De l’expérience, c’est ce que Jean-Philippe Fournier a gagné en avril 2014, lorsqu’il s’est présenté pour le Parti conservateur du Québec. «Je voulais donner une voix à une droite qui à mon avis n’existe pas au Québec», raconte celui qui s’est aussi impliqué dans différents groupes universitaires conservateurs. Ce parti provincial pense que la nouvelle génération a tout intérêt à s’engager en politique. «Les baby-boomers ont créé une dette en empruntant répétitivement sur la carte de crédit pour toutes sortes de projets et ce sont les jeunes qui vont devoir payer cette facture», soutient le chef du Parti conservateur du Québec, Adrien Pouliot.

Le meneur de cette formation politique est persuadé que son parti a beaucoup à offrir aux jeunes qui souhaitent percer sur le marché du travail. «On cherche à implanter un système basé sur la méritocratie. Les conventions collectives ne récompensent pas nécessairement l’excellence et font en sorte de niveler vers le bas et d’empêcher les jeunes d’accéder à des emplois qu’ils méritent», clarifie-t-il.

S’il est élu le 19 octobre prochain et que son parti remporte les élections, Jean-Philippe Fournier a déjà quelques idées en tête sur ce qu’il aimerait accomplir au sein d’un gouvernement conservateur. «J’aimerais participer à la croissance d’une économie forte, faire en sorte que lorsque les gens de mon âge sortent de l’université, qu’ils aient directement un emploi et favoriser ainsi un roulement des générations», espère le jeune candidat.

Photo : McKenzie Kibler

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