Joëlle Saint-Pierre enfin libre

Joëlle Saint-Pierre pose la question: «Et toi, tu fais quoi?». La réponse qui ressort après l’écoute de l’album du même titre est «à part être tombé sous le charme et vouloir réécouter le disque, pas grand-chose.» L’effet est immédiat, et les mélodies de la Saguenéenne s’inscrivent dans la mémoire de l’auditeur, avec ou sans son consentement.

Enregistré à l’intérieur d’une chapelle en Estrie ainsi qu’à Montréal, l’album est le grand saut réussi d’une artiste qui nous arrive comme un secret bien gardé.

Le vibraphone, instrument de prédilection de la chanteuse, la démarque d’emblée de la masse. Ce n’est pas seulement un ajout de fantaisie dans la recette ou un élément facultatif qui ne sert qu’à rehausser la sauce. Le vibraphone, sur plusieurs pièces, sert de fondation à la structure mélodique. Il est la base sur laquelle tous les autres instruments s’appuient.

Évidemment, cette façon de faire est atypique et place la démarche artistique de Joëlle St-Pierre en marge des modes d’emploi habituels. Il est alors légitime de se demander si l’ajout de cet instrument est simplement un stratagème de marketing, un élément original pour mettre en valeur un produit afin de mieux l’intégrer au marché.

Or, ce cas est hautement improbable car, de un, l’entourage de l’artiste se serait tiré dans le pied parce qu’il n’est pas nécessaire d’être un expert pour savoir que la valeur marchande d’un instrument comme le vibraphone est presque nulle, et de deux, les chansons n’auraient été que de pauvres exercices de style.

Le résultat est tout autre et confirme l’authenticité et la force de frappe d’une auteure-compositrice-interprète qui finalement ne se démarque pas par son attirail, mais bien par la grande qualité de ses compositions, sa délicatesse, son goût pour les airs légers sans être futiles, les arrangements qui épousent à merveille les contours de ses chansons, et sa manière de déposer les mots sur les notes, avec doigté.

Joëlle St-Pierre va certainement avoir du pain sur la planche au cours des prochains mois, parce que cet album ne passera pas inaperçu. À la question «et toi, tu fais quoi?», elle répondrait sûrement «je fais de mon mieux» . C’est plus que suffisant.

note : 3,7 sur 5

Crédit photo : William Mazzoleni

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