La gestion du silence

Des modifications aux règlements généraux seront proposées lors de la prochaine assemblée générale de l’AEESG. Une formule de congrès annuel est sur la table.

Si les étudiants de nombreuses associations facultaires de l’UQAM brandissent leurs cartons de vote sur la question d’une grève générale illimitée, l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AEESG) transforme son assemblée générale en congrès annuel en plus de déléguer le droit de vote aux assemblées modulaires. Un souci d’efficacité qui n’est pas partagé par tous.

Le comité exécutif de l’AEESG propose une vaste révision des règlements généraux de l’association dans un document de 107 pages obtenu par le Montréal Campus. La transformation de l’assemblée générale en congrès annuel est le cœur de ces changements. L’établissement d’une règle de représentation des associations de programme, ou modulaires, selon leur nombre de membres fait aussi partie des plans. Les différentes associations affiliées à l’AEESG auront droit à un certain nombre de délégués établi toujours selon le nombre de membres. Par exemple, une association composée de 201 à 400 membres aura droit à quatre votes au congrès contre neuf pour celle qui rassemble 2201 membres et plus. «On va créer un congrès annuel qui va avoir lieu chaque année au mois d’avril et qui va voter les orientations, explique le président de l’AEESG, Gabriel Boileau. D’ailleurs entre les congrès, chaque mois, on a déjà cette instance qui s’appelle le conseil central qui est l’instance intermédiaire entre l’assemblée générale et le comité exécutif.»

Pour Gabriel Boileau, demander aux associations modulaires de voter pour les étudiants évite qu’un nombre insuffisant de membres dicte de fausses orientations à l’association facultaire. «On représente 14 000 personnes en ce moment et il peut très bien y avoir 75 personnes en assemblée générale qui décident que l’on se lance en GGI [grève générale illimitée]», illustre-t-il. La règlementation actuelle indique pourtant qu’un quorum de 250 membres est nécessaire lors d’une assemblée de grève. Puisque la nouvelle formule oblige une représentation de toutes les associations modulaires, Gabriel Boileau assure que le discours de l’association facultaire sera plus solide. Aux dires de son président, l’AEESG connaît un faible taux de participation lors de ses assemblées générales.

Les propositions de modifications risquent de compliquer cette situation, pense Simon*, un étudiant préférant conserver l’anonymat pour des raisons professionnelles. «Ces modifications vont tirer profit du faible intérêt des membres pour les enjeux facultaires afin de donner une grande liberté à l’exécutif de les “représenter” sans qu’ils aient vraiment un mot à dire dans les politiques défendues par l’AEESG», prétend-il. L’étudiant avance également que la structure proposée entraînerait un désintérêt encore plus grand de la part des étudiants de l’ESG puisqu’en dehors des élections réservées aux délégués des associations modulaires, les étudiants se verraient retirer toute possibilité de participation. Selon Gabriel Boileau, il est de la responsabilité des associations modulaires de choisir ses délégués au congrès. Il peut s’agir autant d’exécutants de l’association modulaire que de membres élus.

Le président de l’AEESG prétend également que ce mode de fonctionnement sera plus représentatif de la volonté des associations affiliées. «Quand tu es une ‘’asso’’ de programme et que tu as 500 membres, c’est beaucoup plus facile de tâter le pouls de tes 500 membres que l’AEESG qui représente au-delà de 70 programmes et 14 000 étudiants.»

Voter ou déléguer

Le conseil central qui assure la gouverne de l’AEESG entre les congrès annuels prend aussi une nouvelle forme. Pour cet organe, chaque association de programme aura un seul vote, peu importe son nombre de membres. «Ces règlementations représentent une réduction significative du pouvoir des membres individuels», s’inquiète Simon. Il souligne que les étudiants devront toujours payer leur cotisation, mais perdront leur privilège de participation lors du congrès annuel. Selon le document obtenu, la cotisation demeure à 20,50 $, mais pourrait être modifiée avec la tenue d’un référendum.

Les représentants des associations modulaires préfèrent attendre la consultation des membres avant de se prononcer. Pour l’Association générale des étudiants en urbanisme, une consultation se tiendra dans les semaines à venir, mais des représentants se disent favorables aux mesures proposées. Un avis qui est partagé par l’Association étudiante du baccalauréat et des certificats en comptabilités (AEBCC) qui regroupe le plus de membres, selon Gabriel Boileau. «C’est sûr que le congrès annuel serait beaucoup plus efficace ainsi, commente l’exécutant de l’AEBCC, Max Kevin. Mais le conseil central pourrait être proportionnel.»

Un document résumé a été mis en ligne sur le site de l’AEESG et une assemblée générale sera convoquée au début du mois d’avril pour que les étudiants de l’École des sciences de la gestion puissent se prononcer sur ces nouvelles règles. D’ici là, l’AEESG se concentre sur une campagne publicitaire pour militer contre les mesures d’austérité imposées par les libéraux québécois alors que sortir dans les rues semble être l’option envisagée par les autres associations facultaires de l’UQAM.

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