Un DJ en or

Si vous discutez avec Shash’u ces jours-ci, il risque d’être assez bavard: le DJ montréalais récemment signé sur Fool’s Gold Records vit de beaux jours alors que sortent presque simultanément ses deux premiers EP sur la prestigieuse étiquette new-yorkaise fondée par A-trak en 2007.

«Fool’s Gold est une équipe réputée, et le fait de les avoir derrière moi donne de la crédibilité à ce que je fais», avoue celui qui a pris contact avec l’équipe de Fool’s Gold grâce à ses comparses du groupe Chromeo, dont fait partie le frère de A-trak. «Ça me donne un statut, une prestance que je n’aurais pas autrement», ajoute-t-il.

Shash’u, rendu là, enchaînera probablement sur son passé de B-boy dans une troupe de breakdancers. «Ça a été mon premier contact avec la musique hip-hop», raconte-t-il. Il vous dira ensuite que ses premières armes en musique avaient été faites lorsqu’il avait 9 ans et qu’on lui offrit une batterie toute neuve. À l’époque, au milieu des années 1990, le hip-hop vivait ce que l’on se borne encore à qualifier d’«âge d’or», et Shash’u écoutait avec fascination les cassettes de rap qu’un de ses cousins plus vieux lui ramenait de New-York. Il vous avouera néanmoins que son enfance passée dans Ahuntsic ne fut pas uniquement consacrée au hip-hop, lui qui avait une oreille attentive pour pratiquement tous les styles musicaux en vogue, mais «particulièrement Nirvana».

Il pourra ensuite vous raconter en riant qu’il a commencé à produire de la musique vers l’âge de dix-sept ans et qu’il a peu après entamé une carrière de DJ dans les nightclubs montréalais. «Au début, je mixais dans une gros bar en haut du Château au coin de Saint-Denis et Rachel, se rappelle-t-il sans être capable de se souvenir du nom dudit bar. Ensuite j’ai fait quelques soirées au Coda, sur Saint-Laurent», rappelle-t-il en parlant d’un bar à la carrière courte mais prolifique dans le quartier portugais.

Pendant tout ce temps, Shash’u, aujourd’hui âgé de 31 ans, a mis du cœur et de l’esprit à développer une sonorité propre à lui, avec des influences qui s’étendent du hip-hop contemporain au Chariot de Feu de Jean-Michel Jarre. Éventuellement, le Powerfunk est né, ce puissant mélange d’électro, de funk et de hip-hop qui ne sonne comme rien d’autre et qui apoussé une des étiquettes les plus «cool» et  sélectes au monde à le prendre dans son écurie.

C’est avec plaisir et une pointe d’excitation dans la voix qu’il vous dira que sa méthode de travail n’est pas des plus traditionnelles. Il qualifiera volontiers sa méthode de travail de «manuelle», référence au fait qu’il manipule des sons venus de l’extérieur avec Serato. «Je ne me limite absolument pas au séquenceur», affirme-t-il avec fierté.

Parlez-lui du PWRFNK (Powerfunk, en incluant les voyelles), il vous répondra que c’est sa marque de commerce, sa sonorité bien à lui. Demandez-lui alors de vous la décrire, il vous dira que c’est «Karaté Kid, les Power Rangers et Bruce Lee mélangés ensemble», en voulant probablement dire que sa musique kicke fort.

Il vous parlera aussi avec plaisir des producteurs hip-hop d’ici qui l’influencent. Il mentionnera Vlooper, d’Alaclair Ensemble, et s’écartera du Québec un instant pour mentionner ce qui doit être une de ses idoles, le Californien Flying Lotus; mais il revient en terres montréalaises assez rapidement pour nommer Kenlo Craquenuques, incontestablement son favori.

Il terminera bien entendu la conversation en vous rappelant qu’il a lancé son tout nouveau EP Thru Da Night le 31 janvier dernier au Belmont, et que si vous avez manqué le rendez-vous, la suite s’en vient bientôt, le 31 mars. Il vous laissera avec un grand rire franc et une impression de bonté et vous donnera l’impression que c’est vous qui lui donniez le privilège de parler avec lui. Vraiment, un DJ en or.

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