Bonjour. Je m’appelle Montréal Campus. Je suis un journal magazine, indépendant de toute association. Les gens qui étudient en journalisme préfèrent dire seulement le Campus, c’est plus rapide. C’est des gens pressés, les journalistes.
Ah et dans le local de l’association facultaire de communication, on m’appelle parfois Le journal de Montréal Campus. J’comprends pas encore tout à fait pourquoi. Mais ils doivent avoir une bonne raison.
J’ai 35 ans. Vous allez pas le croire, mais mes parents changent à chaque année. Ils me disent au revoir quand l’été arrive, des fois tristes, des fois soulagés, puis y’en a d’autres qui croient en moi et qui décident de m’adopter. J’dois être assez cute pour qu’ils décident de me gérer les papiers pis les gras de beignes durant leurs sessions/stages/emplois.
En fin de semaine, j’ai rencontré mes frères et mes soeurs. Ils m’ont dit que leurs parents recevaient pas mal d’argent pour prendre soin d’eux. Qu’il y avait même d’autres gens dans les universités qui croyaient bon de leur donner un peu de sous pour les nourrir de faits vérifiés et d’opinions sondées. Qu’ils avaient le temps et les moyens de se poser des questions sur l’actualité de leur campus, qu’ils pouvaient publier des informations plus souvent pour leurs étudiants, leurs profs et leurs employés. Je leur ai dit qu’ils étaient chanceux, et que mes parents devaient être des maudites têtes de cochon pour que je puisse survivre durant toutes ces années.
Mes parents m’ont toujours dit que j’étais né pour brasser de la marde à l’UQAM. Pour me mettre le nez partout sans avoir peur qu’ils me disent que j’suis trop petit pour poser des questions. Parce que dans le fond, si moi je m’en pose, nécessairement la communauté va s’en poser ensuite. Et j’ai ce bel espoir là, depuis 35 ans, de faire changer les choses, en tout cas, des choses dans ma maison qui sera toujours «un gros bloc brun». Un esprit de beau bloc brun rempli de cerveaux prêts à se poser des questions.
Ah oui: j’ai plusieurs visages, parce que des fois mes parents économisent sur l’impression et la mise en page. T’sais, quand tu comptes sur des annonceurs sur qui tu peux pas vraiment compter et que tu vends des beignes pour payer le processus du papier, t’as pas trop le choix. Sauf que j’dois vous avouer que ça me fait tout un velours sur mon coeur quand les gens me serrent entre deux cahiers et me tournent les pages dans la pause du cours. J’me sens plus vivant.
J’ai appris avec les années à cohabiter avec plein de gens aux visions différentes. J’ai encaissé des critiques et j’en ai placé pas mal dans mes 12 pages. J’trouve ça dommage quand les gens me laissent pas leur parler et ça me donne encore plus envie de poser des questions. Ils pourront me détester, moi aussi j’ai une tête de cochon. Telle famille, tel journal, comme qu’on dit.
Je sais que j’ai des défauts, pis mes parents sont pas parfaits non plus, mais ils font tout ce qu’ils peuvent pour respecter leur devoir de rigueur et l’éthique journalistique. Des fois, j’me sens comme un adolescent avec des bras trop longs et maladroits. J’sais c’est quoi l’intimidation, j’sais c’est quoi l’hypocrisie, ça a déjà fait partie de ma vie. Mais comme le monde est smat à l’UQAM, et qu’on comprends ça, la liberté d’expression et le droit à l’information, j’voudrais juste dire que je poursuivrai mon mandat jusqu’à l’infini, jusqu’à temps que mes futurs nouveaux parents m’en donnent un nouveau.
Catherine Paquette
Rédactrice en chef
redacteur.campus@uqam.ca
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