À celui ou celle qui baisserait les bras devant la très longue liste d’artistes donnant dans l’électro-pop féminine, genre en véritable explosion depuis quelques années, il suffirait de mentionner une jeune anglaise aux origines espagnoles et jamaïcaines, Tahliah Debrett Barnett. Ayant auparavant dansé dans plusieurs vidéoclips pour notamment Kylie Minogue et Jessie J, Barnett est finalement devenue FKA Twigs, pour «formally known as Twigs», surnom qui lui fut longtemps attribué à cause de ses os aux craquements bruyants. Sous ce pseudonyme, elle a su faire sa niche dans le monde de la pop électro en faisant paraître deux EP. Son premier album, sobrement intitulé LP1, offre un R&B minimal truffé d’accents électroniques qu’elle agrémente de sa voix haut perchée.
Avec LP1, FKA Twigs, ne se limite pas à perpétuer un genre déjà saturé par une pléthore d’artistes émergents: elle a eu l’audace de créer un objet sonore d’une grande richesse qui saura plaire à des mélomanes de tous horizons. Texturé à souhait, mariant à merveille instruments à cordes et percussions électroniques tout en utilisant la voix autant comme instrument que comme véhicule d’un langage charnel, LP1 abandonne toute forme de maniérisme convenu et impressionne par son doigté. Il faut ajouter à cela tous les textes écrits par la jeune prodige: déchirants, mettant souvent en lumière les mille et un paradoxes du désir amoureux et oscillant sans pudeur entre une sexualité impossible et une réciprocité si difficile à atteindre entre deux êtres si près de corps mais si loin d’esprit.
Avec cet opus dans lequel la voix envoûte, où le silence évoque et où les percussions bercent dans un torrent amoureux déchirant de sensualité, FKA Twigs expose une fragilité malheureusement rafraîchissante dans un genre musical trop souvent stérilisé par les effets de mode.
LP1, FKA Twigs, 6 août 2014
Laisser un commentaire