Si Montréal a une offre culturelle illimitée, les régions jonglent quant à elles avec créativité et initiatives afin de briller de mille feux. Parce que même sur une scène éloignée, les artistes ont des publics à conquérir.
Année après année, Montréal est l’hôte de plusieurs premières de films d’envergure. Si la culture était la chasse gardée de la métropole, de plus en plus d’événements culturels majeurs s’installent en région. Pour y arriver, celles-ci ont misé sur l’originalité. Aujourd’hui, la Capitale Nationale reçoit le dernier long-métrage de Xavier Dolan, reconnu à l’international. Le quatrième FVCQ se prépare à présenter Mommy et d’autres films d’une façon toute nouvelle. Si Montréal ne perdra jamais son statut de métropole culturelle, elle ne peut plus se targuer d’avoir le monopole de l’initiative culturelle.
Le Festival de Cinéma de la ville de Québec (FCVQ) y est allé d’une idée originale. D’anciens conteneurs à déchet présentant des films ont récemment fait leur entrée dans Limoilou et derrière l’espace du 400e, per- mettant une démocratisation du septième art. «On demande aux gens de venir à notre festival, alors qu’avec les conteneurs, l’idée c’était de nous, aller vers les gens», raconte le directeur de la programmation du FCVQ, Olivier Bilodeau. Le FCVQ a pour mandat de présenter un large éventail de films internationaux au plus grand nombre de personnes possible. Les organisateurs espèrent obtenir davantage de premières et de plus grosses productions à Québec. Tout en souhaitant élargir leur visibilité à l’extérieur des murs de la Capitale-Nationale, la programmation est réfléchie sans esprit de compétition et d’abord et avant tout pour les Québécois.
Réunion de talents
Si à Québec une approche grand public est privilégiée, à Hull on tente plutôt de réunir plusieurs formes d’arts émergents, d’artistes bien établis à d’artistes de la région. Le Festival Outaouais Émergent (FOÉ) est né il y a 7 ans, d’une volonté de faire grandir et d’animer le centre-ville de Hull. Le directeur artistique du FOÉ, Steve Beaudoin, croit à une meilleure expérience lorsqu’un partage de la scène se produit. Ainsi, c’est Alexandre Désilets, auteur-compositeur-interprète originaire de la région, qui s’est chargé de chauffer les planches en première partie du groupe Half Moon Run. Bien que l’évènement se soit donné un ratio d’artistes de l’Outaouais à respecter, les têtes d’affiche ont toujours été pré- sentes et vont le demeurer. Le directeur artistique croit également que la stratégie de jumeler les artistes de la région à leurs collègues plus connus permet à la relève de jouer devant un plus grand public et de profiter de cette visibilité. «Les artistes de la région, on a beau leur donner la plus grande scène, mais un moment donné, il y a une limite au pouvoir d’attraction», note le directeur artistique du FOÉ, Steve Beaudoin.
Question d’accessibilité
Le partage de la scène s’effectue également entre les musiciens de l’Abitibi. Une programmation des plus éclectique et approfondie a fait de l’Abitibi, au fil des années, un point tournant de la scène musicale au Québec. L’ambiance du Festival de musique émergente (FME) reste décontractée, malgré la foule qui débarque en masse des quatre coins de la province. De cette atmosphère naissent des rencontres parfois improbables entre artistes et gens de l’industrie. Le FME a permis entre autres à Klo Pelgag et aux Soeurs Boulay de s’envoler vers l’Europe pour y effectuer une tournée. Mais par-des- sus tout, un travail colossal s’est effectué quant au développement du public. «On a maintenant des fanatiques de musique un peu plus pointus, ce qui n’est pas standard. La musique émergente est beaucoup plus accessible à la population de Rouyn-Noranda», explique fièrement le directeur général du FME, Mathieu Joanisse.
Au pied de la montagne
Une «ville de nature, d’art et de patrimoine», c’est la signature que s’est donnée la ville de Mont-Saint-Hilaire en Montérégie. La petite localité compte notamment une mai- son amérindienne, un musée d’arts, la maison Paul-Émile Borduas, une église patri- moniale abritant les œuvres du peintre Ozias Leduc, et le Land-Art, un festival d’art en nature de réputation inter- nationale. Pour le représentant de la mairie de Mont- Saint-Hilaire, Pierre Tadros, une communauté se construit autour d’une appartenance et c’est ce que permet la culture. Chacun à sa manière tente de ravir sa population, tout en appelant le reste de la province à découvrir son coin de pays. Malgré l’austérité, la Ville s’assure que la culture demeure toujours une priorité. «On parle de financement, mais quand les gens sentent qu’il y a une belle qualité de vie parce qu’on a une offre culturelle intéressante, ça crée de la richesse, parce qu’il y a un goût d’aller vivre là», rappelle le représentant de la mairie de Mont-Saint-Hilaire.
Si Montréal ne perdra jamais son statut de métropole culturelle, elle ne peut plus se targuer d’avoir le monopole de l’initiative culturelle.
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