C’était en 1998. La comédie musicale Notre-Dame de Paris battait son plein en Europe et la fièvre venait d’atteindre le Québec. J’apprenais à peine à utiliser le lecteur CD par moi-même que déjà je mettais mes connaissances à profit pour jouer l’intégrale du spectacle. J’avais délaissé pour de bon les Backstreet Boys et les Spice Girls pour Garou et Bruno Pelletier.
Quelques années plus tard, j’en remettais avec Roméo et Juliette. Je constatais déjà un peu plus les lacunes du genre. Malgré le rythme entraînant des Rois du monde, j’ai été traumatisée par les costumes très old fashion et les arrangements musicaux douteux du spectacle. Le clou dans le cercueil a été Cindy, une obscure comédie musicale qui surfait tant bien que mal sur le succès de ses prédécesseurs. Une histoire sans queue ni tête, des paroles vides… même moi, du haut de mes 13 ans, je trouvais le tout insipide.
Dix ans plus tard, je ne pourrais dire ce que sont devenus les comédiens de Roméo et Juliette, de Cindy ou de Dracula. Chantent-ils encore? Ont-ils sorti des albums? À quoi ressemblent-ils? J’ai plus de chance de reconnaître les chanteurs de Phénomia dans la rue que la plupart de ceux qui ont fait les beaux jours des comédies musicales. Après Pied de poule, Shérazade et Don Juan, on peut dire que le genre s’est peu à peu estompé. On retrouve même les anciennes têtes d’affiches à La Voix, c’est pour dire.
Dans l’article De la chanson à l’action, notre journaliste soulève un bon point : les comédies musicales ne lancent pas vraiment la carrière d’un artiste. Les chanteurs y participant jouissent d’une carrière éclair qui dure le temps d’une tournée. L’espérance de vie des chansons est tout aussi comparable, les hits pré-manufacturées tombent généralement aux oubliettes le mois d’après. Lorsque les projecteurs s’éteignent, ces acteurs-chanteurs doivent recommencer du bas de l’échelle. À La Voix, par exemple. Il y a quand même des exceptions qui se comptent sur les doigts de la main. Garou, le couple Janvier-Brault… Outre Starmania dont les succès ont littéralement traversé les époques, le côté quétaine (qui s’assume, quand même) des comédies musicales est complètement passé de mode.
Le Québec ne pourra jamais monter des productions de la trempe de Broadway, avec un Spider-Man qui s’envole du toit ou des centaines de danseurs qui jaillissent des coulisses. Tant mieux. Le Québec pourra produire des spectacles de qualité avec moins d’effectif, mais plus de talent. Eh oui, je prédis une recrudescence du genre. Juste pour rire en fait déjà son créneau estival. De Hairspray à la prochaine Sister Act, on n’a pas fini d’en entendre parler. Par contre, je ne peux prédire que ces artisans qui font la renommée des shows pourront percer à leur tour. Outre les poulains de Star Académie, je ne me rappelle déjà plus des rôles principaux de Hairspray, qui était présentée il y a tout juste un an. C’est ça le show-business. Dommage pour ces nouveaux talents, qui devront ramer deux fois plus que la moyenne pour sortir du carcan de leur personnage. Sur ce, je retourne écouter les classiques de Notre-Dame de Paris. Quand Belle joue, difficile de ne pas fredonner le refrain. C’est un mot qu’on dirait inventé pour elle…
Marion Bérubé
Chef de section Culture
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