La méthode O. Russell

Le nouveau petit bijou de David O. Russell, unanimement louangé par la critique depuis sa sortie en salles, se révèle être effectivement un excellent divertissement. Certains journalistes ont même eu l’audace d’affirmer que le cinéaste a surpassé Martin Scorsese avec cette nouvelle œuvre. Malgré toutes les qualités qui recèlent de ce film très bien construit, l’œuvre n’est pas aussi riche que la version donnée par les médias. D’autant plus que Le loup de Wall Street est probablement la meilleure collaboration entre Martin Scorsese et Leonardo Di Caprio, une œuvre définitivement supérieure en tout point au nouveau film de David O. Russell.

L’exposition des rapports humains était plus sentie, plus sensible dans Le coup de grâce du même réalisateur, mais surtout dans le très touchant Le bon côté des choses. Rappelons que ce dernier marquait un retour en force de Robert De Niro en figure paternelle, et surtout un rôle magnifique pour la charismatique Jennifer Lawrence, en jeune femme instable.

Le nouveau long métrage doit néanmoins la généralité de son succès à la touche personnelle de ce grand cinéaste, à savoir la finesse d’écriture de ses personnages. La construction de ces êtres humains, bien que très complexe, est mise en scène avec une certaine clarté qui n’est pas sans rappeler les films d’Alexander Payne (Sideways, The descendants). L’auditoire n’a pas de difficulté à comprendre les angoisses et les revendications des personnages. Le cinéaste prouve que l’accessibilité ne mène pas nécessairement à la facilité, alors que son film conserve toute sa crédibilité en demeurant facile à suivre.

Le perspicace escroc Irving Rosenfeld (Christian Bale) ainsi que sa maîtresse Sydney Prosser (Amy Adams) doivent collaborer à une opération de filature pour piéger des politiciens corrompus après s’être fait épinglés en flagrant délit par un agent du FBI très ambitieux (Bradley Cooper). L’opération pourrait être compromise par la femme d’Irving (Jennifer Lawrence), envahissante et dépressive.

Fidèle à la tradition instaurée par le premier film de sa trilogie sur les relations humaines du commun des mortels, Le coup de grâce, le cinéaste nous réserve encore une fois une scène de crise dans laquelle chaque interprète possède son moment de gloire.

Même si on a vu l’acteur Christian Bale dans des rôles plus marquants ces dernières années, l’acteur reste fidèle à lui-même, en livrant une interprétation inspirée. Il confère à son personnage une tranquillité d’esprit et une intelligence pouvant s’adapter à tous les imprévus qui se dressent sur son chemin. Bradley Cooper est aussi très juste dans la peau d’un agent du FBI qui, derrière ses allures de durs à cuire, se révèle être d’une grande vulnérabilité. L’ensemble de la distribution est cependant dominé par la solide performance d’Amy Adams, dans le rôle d’une jeune femme séduisante, brillante et follement amoureuse.

Arnaque américaine (American hustle), David O. Russell, États-Unis, 138 minutes.

En salles depuis le 20 décembre 2013

Crédit photo: Facebook

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