Guidées par l’écoresponsabilité, nombreuses sont les femmes refusant de procréer dans le but de sauver l’environnement. Même si cette décision est marginale, leur conviction écologique reste colossale.
Auteure de deux essais sur les choix alimentaires et leurs répercussions sur l’environnement, Élise Desaulniers, se dévoue corps et âme à la cause verte. Âgée de 38 ans, elle affirme ouvertement ne pas vouloir d’enfants par choix. «Je n’en veux tout simplement pas», lance l’auteure. Son refus de procréer est notamment motivé par l’impact écologique qu’engendrerait sa progéniture.
«En envisageant la maternité comme un choix, j’ai constaté que ne pas avoir d’enfant pouvait être une bonne chose pour des raisons écologiques», constate la trentenaire. Sensibilisée aux problèmes de surpopulation, Élise Desaulniers a désormais sa propre conception écologique de la maternité. Elle souligne que mettre au monde un enfant n’est pas simplement un choix personnel. «C’est un acte qui doit aussi être réfléchi en termes d’impacts sur la collectivité», rappelle-t-elle. Une étude de l’Université d’État de l’Oregon a établi qu’un enfant en moins aux États-Unis contribue davantage à protéger l’environnement qu’une personne qui recycle, fait du compost et utilise d’autres formes d’énergies vertes toute sa vie.
La professeure au Département de sociologie à l’UQAM spécialisée en études féministes, Francine Descarries, estime qu’il est difficile d’accepter qu’une femme n’ait pas d’enfants aujourd’hui. «Pour être une femme complète, il faut être une mère, c’est ça l’état de normalité qui resurgit dans notre communauté depuis une dizaine d’années», explique la sociologue. Élise Desaulniers fait le même constat. «Je pense que les comportements déviants de la norme sont souvent mal perçus. La norme, c’est d’enfanter.»
Si le refus de procréer en fait sourciller certains, ne pas le faire pour des motifs écologiques peut créer un véritable tollé. Les ménages sans progéniture forment une minorité et se sentent souvent contraints à se justifier. «Ça demande plus d’explication que de dire qu’il faut recycler ses canettes d’aluminium», souligne Élise Desaulniers avec humour.
L’organisation Green Inclination, No Kids (GINK), fondateur officiel du mouvement antinataliste pour l’écologie, croit que la solution réside dans l’adoption d’enfants vivant dans les régions de l’Afrique, de l’Asie et de l’Inde. Élise Desaulniers n’est pas de cet avis. «On ne réduira pas les émissions de CO2 des pays riches en allant chercher des enfants dans les pays plus pauvres, croit l’auteure. Il ne s’agit pas d’une solution aux problèmes environnementaux ou de surpopulation.»
La décision des femmes qui choisissent de ne pas avoir d’enfants pour des raisons écologiques ne trouve pas d’écho chez Francine Descarries. «Ce n’est peut-être pas l’argument par excellence pour justifier le refus maternel, soutient-elle. C’est peut-être même un raccourci intellectuel pour certains individus qui ne veulent pas mettre d’enfants au monde.»
Plus acceptée et discutée chez les jeunes, cette idée aussi nouvelle semble toutefois être difficile à accepter pour la majorité des gens. «Ils sont généralement incrédules et ils ont du mal à voir le problème dans une perspective globale en s’éloignant de leurs désirs personnels», constate Élise Desaulniers. Les gens, pris dans l’immédiat et l’irrationalité, font des enfants sans se préoccuper des autres citoyens ou de la dégradation de l’environnement à long terme, explique l’écrivaine. Pour que la cause prenne son envol, on doit laisser murir l’idée encore quelque temps. «Ce genre de révolution, soutient Élise Desaulniers, ça donne espoir.»
Crédit photo: Megan Myers
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