En arrivant à Montréal il y a quelques années, j’ai séjourné pendant deux sessions dans les résidences de l’UQAM. Ce serait une année que je qualifierais d’«expérience intéressante», pour être gentille.
Pour un expatrié des régions – ou de l’étranger – les résidences universitaires peuvent paraître comme une alternative facile au classique appartement étudiant de Côte-des-Neiges ou Hochelaga-Maisonneuve. Moyennant un loyer légèrement supérieur à la moyenne des logements cheaps, on s’offre un toit à 45 secondes d’une salle de classe dans le pavillon DS, au cœur du Quartier Latin. Pas mal nice. Cela dit, rares sont ceux qui y restent plus d’un an. J’en connais qui ont passé leurs trois années de bac dans les appartements orange, impersonnels et non-personnalisables des résidences du boulevard René-Lévesque. Je salue leur patience, car j’en aurais été incapable. Les premiers mois m’ont fait déchanter bien vite.
Août 2010. J’entre, chargées de boîtes et de sacs de vêtements, dans ce qui allait être mon chez moi de grande, mon premier logement sans parents. Il était temps. Première évaluation des lieux. La table de cuisine est tellement collante qu’on aurait cru que quelqu’un y avait fait sécher le contenu d’une bouteille de Bailey’s. Des mottons de poussière plus gros qu’un hamster se cachent sous le sofa (sur pattes, oui, on voit en dessous), deux ampoules sont brûlées et la chasse d’eau est brisée. Une chance que personne n’avait d’envie pressante. Après un examen avancé, je constate aussi que le frigo ne ferme pas, qu’une flaque d’eau s’étire devant la porte et qu’à en voir l’apparence des murs de ma chambre, le locataire précédent fumait comme une cheminée. Après un grand ménage, une nouvelle chasse d’eau et deux-trois ampoules, je peux m’installer. Déjà, j’me dis que ça aurait pu être pire.
Les problèmes sont arrivés plus tard. Pendant le premier mois de colocation, j’ai rarement vu mon coloc en état de sobriété. Le frigo se faisait encore attendre et je me résignais à éponger la flaque d’eau qui se renouvelait à ses pieds chaque jour. Je me consolais en me disant que je n’étais pas confinée dans un espace de deux mètres cubes comme à l’Université de Montréal et que j’avais le loisir de protéger mes draps des odeurs de bacon que faisait cuire mon coloc, de mémoire la seule chose que je ne l’ai jamais vu cuisiner. J’ai souvent renouvelé ma demande pour l’électroménager désiré, mais les semaines passaient et aucune trace de ladite machine.
Mon premier automne en terre montréalaise fut marqué par les alarmes de feu à répétition. L’attente dans la rue Sanguinet à n’importe quelle heure du jour faisait partie de la routine quasi hebdomadaire. C’était l’occasion de chialer avec d’autres résidents en pantalons de pyjama et de rire des malchanceux du Centre sportif vêtus de shorts ou d’un maillot de bain trempé qui se précipitaient dans les pavillons chauds de l’UQAM. Entre mon coloc toujours gelé, mes voisins d’en haut qui organisaient des fêtes toutes les deux semaines, Rihanna dans le tapis, et mon poulet qui réchauffait dans mon frigo, il était devenu clair que ce bail n’allait pas se renouveler. Il a fallu que je pète un plomb et que j’engueule le responsable des résidences en personne pour qu’on envoie enfin mon réfrigérateur… deux jours plus tard. Un cadeau de Noël, je vous dis. En plus, mon coloc avait décidé de déménager. Je crois que j’ai fait un party ce jour-là. Et encore, moi, je n’ai pas eu à composer avec des infiltrations d’eau.
La morale de l’histoire, chers futurs étudiants des régions, c’est que quelques clics sur Kijiji et une petite virée à Montréal peuvent en valoir la peine au printemps prochain. Quitte à trouver un logement laid et trop cher, au moins, ce sera VOTRE logement laid et trop cher.
Camille Carpentier
Chef de pupitre UQAM
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