Il y a de ces films qui sont si puissants qu’ils deviennent difficiles à revisiter par la suite en raison de l’impact qu’ils laissent sur le spectateur. Denis Villeneuve est passé maitre dans ce domaine avec Polytechnique et Incendies. Le Québécois poursuit dans cette voie avec Prisoners, son baptême hollywoodien. Fasciné par les impacts de la violence, jamais gratuite ou utilisée en tant que griffe stylistique comme un Tarantino, le cinéaste signe un film remarquable qui fait réfléchir.
Dans une banlieue américaine, deux familles célèbrent Thanksgiving lorsque leurs deux petites filles manquent à l’appel. Le détective Loki (Jake Gyllenhaal) prend en charge les recherches, mais Keller (Hugh Jackman), père d’une des fillettes, n’accepte pas la décision de la police de libérer un suspect (Paul Dano) qu’il juge coupable. Keller décide de prendre la justice en main. Avec un départ ressemblant à un thriller classique, Villeneuve ne se fie pas au canevas et n’a pas peur de poser des questions difficiles sans nécessairement fournir de réponses. Nos idées sur la torture, la justice et la violence sont-elles encore bonnes lorsqu’un enfant manque à l’appel?
La distribution est très impressionnante et Hugh Jackman se démarque en s’investissant émotionnellement à un tel point dans son rôle qu’une nomination aux Oscars n’est pas à exclure. La réalisation de Villeneuve, qui filme des images magnifiques (en particulier dans les scènes peu éclairées), est impeccable. Le film est long, mais chaque scène est nécessaire pour assembler le casse-tête de ce thriller complexe et ambitieux. Le réalisateur a réussi l’exploit d’imposer son style dans une grosse production américaine et offre même une fin très inhabituelle qui fera sans doute discuter.
Prisoners, de Denis Villeneuve, États-Unis, 153 min. Présentement en salles
Crédit photo: Facebook
Laisser un commentaire