La commission Charbonneau, ça m’exaspère comme c’est pas possible. Et je dois avouer que ça m’ennuie en maudit de les voir déblatérer ad vitam aeternam leur mea-culpa à la tivi. Mais bon, j’endure.
Nos chers chefs de partis politiques qui s’insultent et s’obstinent entre une croix et un hidjab, entre ce qu’est une valeur québécoise et ce qui ne l’est pas. Ça m’agace aussi, mais j’endure encore.
Je me sentais également très petit dans mes souliers à la vue de certains journalistes assoiffés de larmes et de drame lors de la tragédie de Lac-Mégantic. J’endure toujours.
L’actualité, ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde, j’en conviens. Même les plus endurcis comme moi en sont parfois découragés. Viennent alors à la rescousse certaines initiatives qui ont la prétention de vouloir briser ce désintérêt du public face à l’actualité, cet être mal-aimé.
La technologie serait, semble-t-il, la solution. Un réseau télé s’achète un hélicoptère. Vroum. On installe un écran tactile géant pour le bulletin de 18 h. Boum. On développe à coût de millions une application iPad. Keching-keching! Tout est réglé? Pas vraiment. La qualité de l’information reste encore prise dans un bloc de glace: c’est pareil, mais juste plus beau.
La popularité des sites web de nouvelles satiriques comme Le Navet et l’Axe du Mad prouve qu’il reste un fossé à combler quant à la façon de s’informer au Québec. Leur but étant de dénoncer le sensationnalisme médiatique, on peut dire que c’est mission réussie.
Il y a quelques semaines, des milliers d’internautes ont été floués en croyant que le gouvernement du Québec était en voie d’interdire les quiz télévisés considérés abrutissants. Dans ce texte, Pauline Marois encourage même les gens à aller «s’acheter des gratteux» et utilise des termes comme «grosses boules». Et là je ne parle pas de boules de billard…
Pour expliquer la naïveté de certains internautes, il serait fa- cile d’établir que les gens sont idiots. Je préfère me dire qu’il y a une raison moins simpliste. Je préfère blâmer l’éducation, les réseaux sociaux, les nouvelles plates et non diversifiées, les politiciens, la corruption. Allons-y, blâmons-nous tous, ce sera plus simple comme ça.
Si je salue aussi l’humour rafraîchissant et l’audacieuse créativité de ces marchands de satires, les contrecoups de leurs écrits me font toutefois grincer des dents. Ces auteurs s’amusent en zone grise. Ils jonglent avec la réalité et la fiction. Ils prouvent qu’il en faut bien peu pour nous berner.
Jouer avec l’information, c’est jouer avec le feu. Jusqu’ici les conséquences sont négligeables: quelques éclats de colère sur les réseaux sociaux, voilà tout. Ils s’aventurent toutefois sur une pente glissante. Il ne reste plus qu’à souhaiter qu’ils ne se fassent pas prendre à leur propre jeu et qu’ils ne s’éloignent pas des limites de l’acceptable.
Tout ce que je peux apporter à ce débat, ce serait peut-être l’idée de valoriser plus tôt à l’école le développement du sens critique et l’importance de vivre au sein d’une société bien informée. Ce serait une solution passablement utopique, mais qui sonne plutôt bien à mes oreilles.
Louis-Philippe Bourdeau
Chef de pupitre Société
societe.campus@uqam.ca
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