Centre-ville en souricière

Pour ceux et ceuses qui n’étaient pas dans les environs uqamiens le 15 mars en soirée, laissez-moi vous dire que y’avait d’la police à la pelletée. Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) n’a pas ménagé d’efforts pour prouver que «la crise sociale est derrière nous», comme l’a rappelé le ministre Pierre Duchesne.

En fait, impossible de marcher sur la rue Sainte-Catherine avec des policiers à tous les cinq mètres. Cachant mon iPhone qui fait grincer des dents la majorité silencieuse, j’ai entrepris d’envoyer un message Facebook à un de mes amis. Sa réponse m’a laissée bouche bée.

«My, my, on dirait un party de policiers!»

«C’est mieux qu’un party de casseurs», a-t-il répondu.

Sérieux? En est-on réellement rendu à vouloir empêcher toute démonstration publique, de peur que l’ordre public soit troublé?

Bon, z’allez me répondre que la manif du COBP finit toujours par des arrestations de masse de toute façon, que des casseurs sèment le trouble inutilement, que Gabriel Nadeau-Dubois aurait donc dû condamner la violence quand il en avait l’occasion. Que 297 arrestations, c’est le même nombre que l’année dernière.

Sauf qu’en 2012, 2000 personnes participaient à la manif. En 2013, c’est presque la totalité des manifestants qui se sont faits coller une amende.

Le porte-parole du SPVM Ian Lafrenière a déclaré (à LCN, je pense) que peu importe la situation, les policiers étaient toujours critiqués. Ils réagissent soit trop vite, procèdent à des arrestations de masse et s’attirant ainsi la foudre des manifestants, ou interviennent trop tard, se mettant à dos les commerçants et le public. Au final, y’en aura toujours, des pas contents, pis que là, 15 mars 2013, ils ont décidé d’appliquer le règlement P6, qui interdit les masques et demande l’itinéraire de la manifestation au préalable, de façon plus sévère. Tant pis si y’en a qui chialent.

Eh bien, j’ai une solution pour vous, SPVM.

L’année prochaine, le 15 mars 2014, prenez congé. N’envoyez aucun policier à la manifestation contre la brutalité policière. Relaxez chez vous, avec un verre de vino, en écoutant les nouvelles et voyez si les «casseurs» vont «troubler l’ordre public». J’vous parie que ce sera une #manifencours tellement calme que la gestionnaire du compte @SPVM pourra prendre congé aussi.

La voulez-vous, la paix sociale? Initiez-la.

***

«Vous serez tous et toutes fiché(e)s. Vous serez tous et toutes jugé(e)s.»

Connaissez-vous le site www.spvm.info? Il s’agit d’une nouvelle initiative citoyenne qui veut créer un «registre collectif des crimes commis par les agents du SPVM». Pour éviter les abus à la matricule 728, ce site compte répertorier les preuves contre les policiers ayant commis des infractions.

Nous sommes déjà dans une ère de dénonciation citoyenne. Souvenez-vous des photos prises des suspects lors des bombes fumigènes dans le métro, le 10 mai dernier. Les autorités avaient immédiatement envoyé lesdites photos aux médias, qui se sont empressés de les publier. Ils ont été arrêtés quelques jours plus tard avec ces preuves. Peut-être verra-t-on le même processus avec les policiers. Oeil pour oeil?

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