Picasso sous le capot

Plus qu’un moyen de transport, le véhicule sur quatre roues devient objet d’art pour les fanatiques du moteur.

Bien installé dans son atelier, Alain Lévesque laisse rouler son pinceau et fait apparaitre sur ses toiles des peintures particulières. Il ne peint pas les magnifiques paysages s’offrant à lui, mais plutôt de rutilantes voitures, icône de la culture américaine et européenne. Les artistes qui, comme lui, expriment l’automobile à travers leurs créations, exposent dans des salons spécialisés partout dans le monde. Courbes, couleurs, perspectives, les mécaniciens de l’art ne manquent pas d’imagination pour se distinguer à travers leurs peintures.

«Je dessine des autos depuis que je suis tout petit. C’est cependant lors d’une visite à une exposition d’art automobile de Londres que j’ai pris conscience qu’on pouvait faire des productions artistiques centrées sur l’automobile», raconte le peintre Alain Lévesque. Si ce virtuose du pinceau est le seul Québécois à vivre d’un tel type d’art, plusieurs passionnés du volant en font un loisir.

Bien que le véhicule de transport de prédilection constitue le principal sujet des toiles d’Alain Lévesque et de bien des artistes, il ne s’agit pas là d’un courant en soi. «Au même titre qu’un artiste qui ne dessine que des papillons ne fait pas du « papillonisme », celui qui peint des voitures ne fait pas de l’art d’automobile», image le peintre. Il ne croit qu’une œuvre ayant pour sujet l’automobile puisse être considérée comme une œuvre d’art. «Imaginez une Ferrari plaquée en or ou une Aston Martin incrustée de diamants. Bien qu’il s’agisse de modèles uniques et créatifs, il ne s’agit pas d’objets d’art. Elles restent une voiture dont l’objectif est le transport.»

Si certains peignent leur passion pour les bolides, d’autres les prennent en photo. Selon le mécanicien Joey Mitchell, passion et fierté poussent les fervents de l’aérodynamisme à prendre des clichés de leur joujou sous des angles artistiques. «L’été dernier seulement, j’ai eu quatre voitures différentes. Les photos que je prends me permettent de garder des souvenirs et de faire sortir mes jouets sous leur meilleur jour», dépeint le mécanicien Joey Mitchell. Ces avides de moteur prennent le temps de trouver un décor qui fait ressortir le véhicule et n’hésitent pas à recourir à des photographes professionnels.

Une culture en vogue à l’étranger

Si Alain Lévesque est l’un des rares Québécois à exposer ses œuvres sur l’automobile de manière professionnelle, l’art automobile foisonnent à Londres, Paris et New York. Il existe un circuit, l’Automative Art Gallery, qui parcourt ces grandes villes et exhibe les plus belles œuvres qui se font dans le domaine. Sculptures, photos, toiles et vitraux, tous les moyens sont bons pour que les artistes des bagnoles expriment leur passion.

Au Québec, quelques tentatives, qu’Alain Lévesque qualifie de frileuses, ont été effectuées afin de promouvoir l’art sur quatre roues. Dans les années 1990, il y eu une exposition à Montréal. Cela n’a cependant pas été suffisant pour enraciner le mouvement, selon le peintre. «Au Québec, nous avons beaucoup de passionnés de char. Cependant, contrairement aux Européens et aux Américains, nous n’avons pratiquement jamais eu nos propres fabricants de voitures.»

Si le mouvement d’art automobile n’est pas encore ancré chez nous, Alain Lévesque demeure optimiste. Un petit coup de pinceau au bas de la toile, un peu de noir sur les pneus, une touche de gris sur les jantes. Affairé dans son atelier, il pense à sa prochaine exposition au Vieux Port de Montréal, en avril prochain, où il espère pouvoir transmettre sa passion à de futurs Dali du moteur.

Crédit photo : Joey Mitchell

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