«Jour chargé», lance Brian Myles, stoïque. Le ministre des Affaires municipales et son annonce sur la réforme de la fiscalité ont retenu l’attention du journaliste toute la journée. Journée où il a joué au chat et à la souris pour finalement se retrouver aux pieds du chic Caron Building qui héberge Le Devoir, là où il travaille depuis 1994. Brian Myles n’est toutefois pas dépeigné par ce marathon journalistique; c’est un passionné.
«Au Montréal Campus, tu apprends de quoi tu es fait, et si tu vis bien dans cet environnement un peu échevelé qui t’oblige à aller de deadline en deadline», pense celui qui a pratiquement fait le saut du Campus au Devoir. Il a mis en veilleuse son baccalauréat pour un temps après avoir été engagé par le quotidien durant la saison estivale.
Celui qui est aussi président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) ne conçoit pas que l’UQAM laisse couler le navire campussien. «Cette Université est complètement aveugle quant à l’importance qu’a eue le Campus et qu’il pourrait avoir pour les générations futures d’étudiants. C’est comme s’ils allaient laisser mourir l’un des principaux arguments de vente pour l’École des médias».
Si le Campus est encore le seul endroit où il a pu à la fois travailler et faire le party, les 40 heures passées par semaine dans le local, exit les cours, ont été un apprentissage fructueux. «C’était toute une école de formation et une école de la vie.» Il n’avait pas l’impression d’être moins journaliste que ceux des grandes salles de rédaction. «J’avais l’intime conviction qu’on faisait du journalisme à la mesure de nos moyens et avec la possibilité de rêver, de déconner, de faire des essais, de se planter, de recommencer», relate-t-il.
Le coup de fil lui annonçant qu’il allait être le stagiaire campussien de la cuvée 1993 l’a propulsé sur un nuage. Un stage qui aura permis à Brian Myles de mettre un pied dans l’univers journalistique en plus d’élargir sa gastronomie estudiantine aux célèbres beignes du Montréal Campus. «Je peux dire que j’ai déjeuné, dîné, soupé avec des beignes plusieurs fois par semaine et je n’étais pas le seul», badine-t-il.
Membre du conseil d’administration du Campus de 2006 à 2008, le journaliste du Devoir a vu le journal faire son bonhomme de chemin et conserver ses vieux plis au fil des années. «Il n’y avait pas l’Internet, le courriel, les réseaux sociaux. La seule façon de socialiser était de te déplacer et d’aller au 5 à 7. Il y avait une grande solidarité.»
Entre trois beignes et deux bières, les problèmes d’argent n’occupaient pas alors l’esprit des résidents du V-1380 qui pondaient des 24 à 36 pages aux deux semaines. L’équipe de Brian Myles a laissé la barque avec des surplus. «La situation était glorieuse.»
Anecdotes, bons et moins bons coups, le lien d’affection qui lie l’aventure campussienne à Brian Myles est indéniable. «Ce n’est pas comme si on était des vétérans de la guerre, mais on a fait quelque chose de spécial ensemble», se souvient-il, sourire en coin.
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