La victoire d’Obama ou la défaite du Tea Party

La réélection de Barack Obama mardi soir est le résultat de l’ultra-conservatisme de la branche radicale du parti républicain, le Tea Party. C’est du moins l’avis des experts de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand, réunis lors de l’émission spéciale élections américaines de 24 heures en 60 minutes à l’UQAM, le 6 novembre.

Si l’issue du vote est longtemps restée incertaine, la carte électorale américaine a finalement avantagé le président sortant. Le parti démocrate l’a emporté dans l’ensemble des États-clés, notamment en Floride, en Virginie et en Ohio. La division du parti républicain a fait très mal à Mitt Romney, selon le titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand Charles-Philippe David. «La phase des primaires a été extrêmement douloureuse pour les républicains, a-t-il expliqué mardi. Si ce n’avait pas été du premier débat entre Obama et Romney il n’y aurait à peu près pas eu de course ce soir. Romney revenait de très loin.»

L’ouragan Sandy a également été un élément déterminant en fin de campagne, notamment à cause de l’appui de personnalités républicaines comme le gouverneur de l’État du New Jersey, Chris Christie, au camp Obama. De plus, les républicains ont peiné à attirer le vote des femmes, des jeunes et des latino-américains, trois groupes qui ont massivement appuyé le président sortant, explique Charles-Philippe David. «Ils n’ont presque pas cherché à séduire ces portions de l’électorat, probablement à cause de la pression de l’aile radicale du parti qu’on associe au Tea Party. Ces votes étaient pour ainsi dire acquis à Barack Obama.»

La fin du Tea Party?

Selon l’ex-délégué général du Québec à New York, John Parisella, c’est le Tea Party qui ressort grand perdant de cette élection. «Le parti républicain se radicalise toujours un peu plus depuis l’adoption de la loi sur les droits civiques par les démocrates dans les années 60. Il se pourrait cependant que les positions de la droite religieuse ne soient aujourd’hui plus compatibles avec la nouvelle réalité démographique aux États-Unis.» Pour Julien Toureille, la défaite de mardi soir et aussi celle de plusieurs candidats du Tea Party au congrès vont forcer les républicains à se redéfinir. «Ce pourrait être une défaite bénéfique pour eux. Ils vont devoir envisager de se rapprocher des franges de l’électorat qui leur échappent présentement, explique-t-il. Le Tea Party était essentiellement un mouvement de protestation pure qui ne proposait que peu de solutions. Les républicains devront peut-être envisager de s’en distancer.»

De nombreux défis attendent encore Barack Obama. Pour John Parisella, le président disposera d’une très petite fenêtre pour établir à nouveau son autorité et son leadership et faire adopter des mesures importantes par le congrès. «Avec un deuxième terme, il n’est officiellement plus un accident de parcours. Il disposera maintenant d’un très court laps de temps s’il désire passer à l’histoire comme un grand président.»

Les chercheurs de l’Observatoire animeront une 6e conférence le jeudi 8 novembre, à l’Auditorium du Centre d’archives de Montréal. Il sera question des constats, leçons et conséquences de la réélection de Barack Obama.

Crédit photo: François Joly

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