Pour la suite de la guerre

Loin de l’illusion de sécurité que nous procurent nos cités, le sang continue de couler. Syrie, Mali et Afghanistan (entre autres), ces lieux témoignent d’un monde qui n’arrive pas à se pacifier. La guerre laisse des cicatrices profondes qui subsistent bien après son passage. Plutôt que de se pencher sur ces conflits armés, la première production du Théâtre de l’Embrasure préfère s’attarder à ses conséquences. Dans la salle intime du Prospero, les anciens protégés de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM nous entrainent à la découverte de la pièce Guerre, et par le fait même, de son auteur suédois Lars Norén.

Fresque familiale aux accents sombres, Guerre prend comme point de départ le retour d’un père dans sa famille suite aux horreurs qu’il a vécues. Pour l’interpréter, l’Embrasure s’est dotée d’un acteur français prometteur, Manuel Sinor, qui relève avec brio le défi que constitue la cécité de son personnage. Pour le reste de la famille, on compte une mère (Catherine Rochefort), deux filles (Isabelle Montpetit et Marie-Josée Samson) et le frère du père (Jean Belzil-Gascon). Ce frère ayant intrigué pour ne pas être enrôlé a progressivement pris la place du père au cours de son absence. Pour survivre dans un pays miné par la guerre, chacun de ces cinq personnages ont dû faire des choses qu’ils n’auraient jamais pensé faire. Lorsque le père revient pour reprendre sa vie où il l’a laissée, il frappe un mur. D’ailleurs, malgré ses efforts pour le nier, n’est-il pas, lui aussi, irrémédiablement autre?

La mise en scène de Priscille Amsler est froide, volontairement dénuée d’émotions. Dans l’ensemble, son minimalisme couplé à l’intimisme de la salle fonctionne assez bien. Il arrive que l’on gesticule un peu trop sur scène, mais le texte est bien livré, par des voix à la diction impeccable. Pour une première production, on aurait difficilement put espérer mieux que ce que nous laisse entrevoir ce théâtre, par l’Embrasure.

Guerre, Lars Norén, du 9 au 27 octobre, salle intime du Prospero. M.E.S. de Priscille Amsler.

Crédit photo : Aurore Paulin

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