Dumont: présumé coupable

L’Affaire Dumont était le premier drame biographique réalisé par Daniel Grou, alias Podz, d’après un scénario de Danielle Dansereau. Malgré l’ampleur de la tâche qui l’attendait, le réalisateur répond avec succès aux attentes, car son film fait vivre avec brio au spectateur le drame qu’a vécu Michel Dumont au cours des années 90.

Livreur dans un dépanneur et père de deux enfants, Dumont a été accusé d’avoir violé une femme qu’il n’a jamais vue. Malgré les témoignages de gens qui affirment son innocence, il est finalement condamné à purger plusieurs années en prison. Durant son incarcération, Solange, sa petite amie qui deviendra ensuite sa femme, s’attelle à la lourde tâche de le faire acquitter. En tout, cette saga judiciaire aura duré une dizaine d’années.

Contrairement à Présumé coupable, dont j’ai parlé plus tôt cette année, l’Affaire Dumont présente l’histoire de manière à ce que le spectateur ait une plus grande distance avec le protagoniste. Exit les plans de caméra à l’épaule dans ce long métrage. Cela lui confère un style s’éloignant du cinéma direct, un type davantage collé au réel qui cherche à capter le plus possible les faits et gestes de l’homme en action. Même s’il s’agit d’une fiction, le film s’apparente à certains égards au documentaire, avec l’insertion de quelques images d’archives. Cet ajout de réalisme est d’ailleurs fort intéressant.

Le récit se déroule avec en toile de fond l’histoire d’amour entre Michel et Solange, qui cherche par tous les moyens à faire innocenter son mari. Cet aspect est d’ailleurs une des forces du film qui permet d’humaniser le récit. Le spectateur assiste donc au parcours parsemé d’embûches de Michel Dumont, mais sans que l’accent soit trop mis sur sa souffrance en prison. C’est d’ailleurs à l’opposé de ce qui est présenté dans Présumé coupable, où l’on voit Alain Marécaux, l’homme accusé, dépérir de manière évidente, autant au plan physique que psychologique. Podz livre une histoire plus humaine, où les relations interpersonnelles souvent houleuses, sont mises au premier plan.

Au plan technique, les effets de l’Affaire Dumont sont assez similaires à ceux de Présumé coupable, et ils sont dans l’ensemble bien réussis. Par exemple, comme dans le film français, il n’y a pas de trame sonore. Cela accentue l’effet mélodramatique du film. Les lieux sont effacés, aux couleurs souvent sombres, dans les tons de gris et de brun, témoignant de la misère et de la pauvreté des personnages. L’éclairage est sobre, voire absent à certains endroits, ce qui donne un réalisme certain. Le montage est posé, laissant toute la place à l’émotion des protagonistes. Les interprètes principaux, Marc-André Grondin et Marilyn Castonguay, sont par ailleurs excellents dans leur rôle respectif de Michel et de Solange.

J’aurais toutefois aimé voir un Michel Dumont plus combatif, lui apparaît souvent le plus résigné du film. Le long métrage demeure profondément touchant et montre efficacement l’impuissance d’un homme face au système judiciaire.

L’Affaire Dumont, Québec, 121 minutes.
À l’affiche depuis le 14 septembre.

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