Depuis les dernières années, la scène hip hop montréalaise connaît un essor qui permet à plusieurs groupes émergents de sortir de l’ombre. Propulsés par les Word UP! Battles, les Dead Obies s’illustrent comme un groupe prometteur au sein de cette nouvelle vague d’artistes.
«Un des trucs qui m’inspire le plus, c’est l’éveil de la scène qui se passe en ce moment. C’est la première fois que Montréal commence à avoir un son propre à elle-même», explique d’emblée VNCE, le beatmaker du groupe. Selon les membres, depuis les deux dernières années, la scène hip hop québécoise tente de se distancier de la recette américaine et française pour se bâtir un son qui lui est unique. «Pour la première fois, on donne de l’importance aux producteurs en leur donnant une vraie scène», continue-t-il.
Formé il y a un an et demi lors d’une soirée arrosée clôturant le sixième Word UP! Battle, Dead Obies rassemble les talents de Jean-François Ruel (Yes Mccan), Charles-André Vincelette (20Some), Vincent Banville (VNCE) Jonathan Quirion (Jo RCA), Pierre Massé (B.E.A.R), Gregory Beaudin (Snail kid) et Alexis Vaillancourt. Ils définissent leur style comme étant du néo-rap québécois aux influences électroniques, hip hop, low-tempo et trap beats. «Ce qui nous définit le plus, c’est notre manière de rapper. C’est le franglais que l’on utilise, c’est notre façon de s’exprimer», affirme 20Some.
Le virage
Cet été fut un tournant décisif pour le groupe. Des festivals et évènements comme Expérience MTL, les Word UP! Battles et une couverture médiatique à travers Bande à part et Musique Plus les ont placés sur la map. Rapidement, ils ont été propulsés par l’effervescence artistique qui a frappé Montréal depuis le début de l’année. «En côtoyant des gens qui sortent des projets et qui ont un certain succès, on voit que c’est possible. Ça nous ouvre des portes», confie 20Some.
En constante évolution, Dead Obies cherche à être le reflet de Montréal à un moment précis dans le temps. Entre leur premier CD, Collation Vol.1, et leur deuxième, Beubé boom!, leur processus de création a pris un tout autre tournant. Leur premier opus s’illustrait davantage comme étant une accumulation de textes individuels; tandis que leur plus récent album explore un style plus expérimental.
Scoop du groupe: une galette Dead Obies est présentement en création et devrait voir le jour à l’été 2013. Pour la première fois, nous pourrons entendre les rimes de VNCE, habituellement derrière ses tables de son. Présentement en recherche d’inspiration, ils assurent que le prochain album reflètera une création collective plutôt que des bribes mises en commun. Cette fois-ci, l’écriture sera commune et fusionnelle. «On veut vraiment faire une œuvre complète, proche d’un album-concept», déclare Yes Mccan.
Malgré leur popularité grandissante, les membres de Dead Obies gardent les pieds sur terre. «On n’a pas d’extrême complexe de performance. Viser la perfection, ça amène souvent à se planter, affirme Jo RCA. On vise plus à devenir d’excellents créateurs en donnant les performances qu’on peut, en s’amusant.» Tout en jonglant entre leur carrière musicale, leurs études et leur emploi, les sept Obies focalisent leur énergie à la réalisation d’une carrière qui n’en est qu’à ses premiers pas. «On ne se prend pas au sérieux nous-mêmes, mais on prend la musique au sérieux, déclare Yes Mccan. Le stress est tout le temps là, mais c’est un bon petit stress qui montre que, forcément, tu care.»
Avec la collaboration de Marie-Ange Zibi
Crédit photo: Isabelle L’Héritier
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