Hymne à l’Îlot voyageur

Vous savez, j’aime bien l’Îlot voyageur. Près du métro Sherbrooke, tous les matins, je l’admire au loin. On s’habitue à le voir, en descendant la rue Berri, que ce soit en marchant vers l’UQAM ou en manifestant.

Parce qu’après tout, l’Îlot voyageur est un symbole, une fierté du Quartier latin. Je souhaite que la bâtisse reste telle qu’elle est, inachevée, ses poutres à l’air libre. Fière de repré- senter l’UQAM, qui l’a injustement reniée, elle veille sur la métropole.

Même le Service des communications de l’UQAM n’ose pas en parler. Par modestie, peut-être. L’Université du peuple peut se targuer d’avoir semi-construit un possible monument de la Ville de Montréal. Ou peut-être est-ce la honte de l’avoir laissé partir?

J’ai tenté d’en parler à l’ancienne directrice des communica- tions, il y a quelques mois, question d’en savoir un peu plus sur ce bâtiment. Elle est restée muette comme une carpe. Rien. Nothing. Niet.

Pourquoi ne pas en parler? Ce n’est pas parce que l’UQAM était sur le bord de la faillite avec la construction du Complexe des sciences Pierre-Dansereau et l’Îlot qu’il faut renier son œuvre. Il faut, au contraire, acclamer cette audace dont a fait preuve l’Université.

Dans tous les cas, je trouve que les 80 millions en intérêts sur la dette refilée aux contribuables est tout à fait justifiée. Ajoutez à cela les 272 millions originalement déboursés par l’UQAM et la fiducie de 200 millions, gracieuseté du gou- vernement du Québec. La bâche aussi, au coût de 60 000 $.

Là, certains vont crier au scandale et penser que les fonds publics sont outrageusement dépensés. Il ne faut pas exa- gérer. Un maigre 500 millions n’en fait pas une bêtise administrative.

En août, le journal La Presse rapportait que quatre acheteurs se disputent la gare d’autocars de Montréal. L’École de santé publique de l’Université de Montréal occupera la portion sud. Il ne reste donc que la portion nord, partie la plus apparente.

Hélas, le squelette de béton sera peut-être complètement vendu dans les prochains mois. Finie, l’époque où la construction inachevée surplombera l’UQAM. Dépouillée de sa bâche, elle se verra contrainte d’arborer des murs et d’y accueillir des gens. Se fondant dans le décor, la saga de l’Îlot voyageur s’estompera dans la mémoire collective.
Je pleure l’Îlot. Bientôt, il ne pourra pas nous rappeler les bassesses administratives d’un gouvernement qui avait une main sur le volant et l’autre dans nos poches.

***

Je profite de cet éditorial pour souligner le départ de notre chef de pupitre Société, Ewan Sauves. Travailleur acharné, il a gravi les échelons du Montréal Campus un à un pour finalement diriger une section du journal parfois rigolote, parfois sérieuse.

Après un bref saut en politique, voilà qu’il est journaliste pour un «gros méchant média de masse». On lui souhaite la meilleure des chances (et le meilleur des scoops).

Au nom de toute l’équipe, merci!

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *