La hausse des frais de scolarité et la loi 12 seront officiellement abolies par décret ministériel, a confirmé cet après-midi la chef du Parti québécois (PQ), Pauline Marois, dans son premier point de presse postélectoral. Les fédérations étudiantes restent toutefois sur leurs gardes jusqu’à ce que le décret se réalise de façon concrète.
«Je voulais attendre de le voir pour le croire. L’annonce publique d’aujourd’hui nous porte à croire qu’ils iront réellement de l’avant, avance la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) Martine Desjardins. On a toujours su qu’il faudrait que ce soit par décret, mais il fallait obliger le PQ à le dire publiquement.
Même son de cloche du côté de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), néanmoins un peu plus sceptique. «Cette promesse électorale du PQ semble plus concrète qu’avant l’élection, mais nous allons rester vigilants, note la co-porte parole de la CLASSE, Jeanne Reynolds. Ce ne serait pas la première fois qu’un parti revient sur ce genre d’engagement. Nous restons prudents et la CLASSE va continuer de mettre de la pression.»
Pauline Marois pourrait surprendre ses adversaires, qui l’ont accusée d’opportunisme au fil du conflit étudiant. La présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Éliane Laberge s’en réjouit. «Évidemment nous sommes satisfaits d’avoir eu cette confirmation si tôt. C’est signe de bonne volonté à mon sens.»
Bien qu’il soit minoritaire, le nouveau gouvernement de Pauline Marois n’a pas tardé à faire l’annonce. Grâce au décret, la décision d’annuler la hausse des frais de scolarité prévue dès la session d’automne n’aura pas à être débattue à l’Assemblée nationale.
Victoire symbolique des étudiants
«Évidemment, nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que le PQ ne va pas tout nous donner sans que nous continuions à mettre de la pression. On ne s’abaisse pas devant eux», nuance Martine Desjardins, présidente de la FEUQ. Elle souligne cependant le courage des convictions dont a fait preuve la nouvelle première ministre. «Mme Marois a été sous les feux de la rampe tout le printemps et a failli perdre plusieurs députés à maintes reprises sur la question des droits de scolarité. Elle a lourdement été critiquée pour avoir porté le carré rouge.»
Son homologue de la FECQ, Éliane Laberge, abonde en ce sens. «Malgré le fait que le combat se soit terminé par des élections, il ne faut pas oublier que si les gens ont voulu changer de gouvernement, c’est en partie grâce au mouvement étudiant.»
Comme la FECQ et la FEUQ, la CLASSE a atteint son objectif de faire annuler la hausse des frais de scolarité, bien qu’elle fasse la promotion de la gratuité scolaire. À peine discuté pendant la campagne électorale, le thème de l’éducation refera assurément surface lors du sommet annoncé par le PQ. Il reste à savoir quelles propositions seront apportées sur la table.
«Il faut souligner qu’on a tenu aussi longtemps sans tomber. Lorsqu’on croit à notre cause, au-delà des intérêts corporatifs, c’est possible. On a montré que l’union fait la force», renchérit Martine Desjardins, visiblement fière.
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