Le corps professoral pourrait déclencher une grève

Le Syndicat des professeurs de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ) a adopté jeudi après-midi la résolution d’arrêter les prestations d’enseignement dans l’éventualité où les conditions normales d’enseignement ne seraient pas réunies à l’intérieur de certains programmes ou facultés.

D’ordinaire, la convention collective des professeurs de l’UQAM laisse la liberté de jugement à ses membres, afin qu’ils déterminent si les conditions d’enseignement sont favorables ou non. «Avant la loi 12, ça s’appliquait toujours. Dans les conditions actuelles, la direction considère que la loi 12 est plus forte que la convention collective», dénonce Jean-Marie Lafortune, président du SPUQ. Dans l’éventualité où les professeurs et le SPUQ recevraient des amendes salées, le fonds de défense professionnel de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) s’engage à les payer.

Cette résolution permettra aux enseignants de décider du maintien du cours, même les arrêts de cours seront encadrés et surveillés. Le président de la SPUQ affirme qu’à chaque cours, deux personnes membres du SPUQ jugeront si les conditions d’enseignement sont favorables. La situation reste à suivre.

 

Rentrée incertaine

Le retour en classe s’annonce difficile. Tant les professeurs que les étudiants seront affectés par les sessions écourtées. «Il est impossible de reprendre 10 semaines en six semaines, ça ne se fait juste pas. Soit qu’on coupe de la matière, soit qu’il y en a qu’on voit moins bien», dénonce Paul Dumais, professeur de mathématiques au Collège Rosemont. Les conditions de retour en classe affecteront particulièrement les élèves qui éprouvent des difficultés d’apprentissage.

Lors de la conférence de presse des Profs contre la hausse, le 6 août dernier, Diane Lamoureux, professeure de science politique à l’Université Laval dénonçait ouvertement devant les médias les pressions que subissent les professeurs. « Nous enseignons et nous aimons notre métier. C’est parce que nous l’aimons que nous estimons qu’il doit s’exercer dans des conditions adéquates. Ce n’est pas à coups de revolver symboliques sur la tempe que l’on permettra aux professeurs de dispenser un enseignement de qualité et aux étudiantes et étudiants d’acquérir des savoirs.» Plus de 2000 professeurs de 50 pays différents ont pris le risque d’affirmer haut et fort leur opposition à la loi 12 en signant le manifeste des profs contre la hausse. Ils ont déclaré, lors de leur conférence de presse, qu’ils soutiendraient les décisions prises par les associations étudiantes.

Cette prise de position n’est toutefois pas sans conséquences. Selon Julien Villeneuve, professeur de philosophie au cégep Maisonneuve, il y a clairement des risques. Certains professeurs ont fait face à des mesures disciplinaires pour avoir exprimé publiquement leur opinion sur le sujet ou pour avoir refusé d’enseigner sous injonction. La désobéissance à la loi n’est pas seulement punie individuellement, mais aussi collectivement. «Le syndicat des professeurs de l’Université de Montréal (UdeM) a indiqué qu’il y avait un danger potentiel pour les professeurs. Les amendes sont tellement importantes que les syndicats qui ne font pas partie des grandes centrales n’ont pas suffisamment de moyens pour supporter ces amendes», précise Michel Seymour, professeur de philosophie à l’UdeM.

Une requête de sursis et de nullité de la loi 12 avait été déposée à la Cour Suprême en mai dernier. Pourtant les démarches sont restées stagnantes après le rejet de la requête de sursis par le juge François Rolland, qui visait à suspendre certaines conditions de la loi 12. Pour le moment, celle-ci devrait être jugée à l’hiver, au moment elle arrive à échéance. Les associations étudiantes, syndicales, communautaires et environnementales continuent à faire des pressions pour faire avancer le dossier, mais pour l’instant, aucun développement.

Crédit photo: Archives Montréal Campus

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