Mobilisation citoyenne hors du commun

Malgré le froid et un temps maussade, environ 300 000 personnes ont marché hier à Montréal à l’occasion du Jour de la Terre, selon les estimations des organisateurs. Initiative du metteur en scène Dominic Champagne, la marée humaine a marché  jusqu’au parc Jeanne-Mance, où elle s’est transformée en un immense arbre humain.

Le rassemblement a commencé à 14h à la Place des Festivals, alors que 200 clochers d’églises à travers la province ont sonné simultanément pour en marquer le début. En plus du Plan Nord, dont le premier ministre Jean Charest a fait la promotion dans les derniers jours, les manifestants se sont soulevés contre les gaz de schiste et le retrait du Canada, le 10 décembre dernier, du protocole de Kyoto.

Les organisateurs de l’événement se sont dits très surpris de la réponse des citoyens à leur invitation. «Je suis extrêmement satisfait. C’est réconfortant à voir!» s’est exclamé le conteur Fred Pellerin, qui a lancé le rassemblement par un bref discours alors qu’il était juché sur une structure en hauteur. «Aujourd’hui, ce sont 300 000 personnes qui repartent avec le germe du possible en eux», poursuit-il. L’acteur Guillaume Lemay-Thivierge a quant à lui souligné la volonté de la population de transformer les paroles en actions concrètes. «C’est beau ce qui se passe aujourd’hui, ça prouve qu‘on ne fait pas juste en parler, qu’on a une réelle prise de conscience collective.»

Les groupes environnementaux se réjouissent eux aussi du déroulement de cette journée. «La date d’aujourd’hui est très importante dans l’histoire du Québec. Elle marque un tournant. Ça démontre notre capacité à changer les choses», souligne le président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), André Bélisle. Pour lui, les activités du 22 avril serviront de tremplin pour une panoplie d’actions à venir pour protéger l’environnement. «Les 300 000 personnes présentes aujourd’hui envoient un message clair aux gouvernements Harper et Charest», poursuit-il. Le président du conseil d’administration de la Fondation Rivières, le comédien Roy Dupuis, abonde dans le même sens que son collègue. «Nos dirigeants doivent comprendre que nos ressources naturelles collectives appartiennent à tout le monde et qu’ils ne peuvent rien faire avec sans que la population soit minimalement consultée.»

 

Autres revendications

Ce Jour de la Terre dépassait la cause environnementale, alors que plusieurs groupes ont participé à la marche pour des raisons précises. Une vingtaine de jeunes ayant participé au programme Katimavik, tous vêtus en orange, étaient du nombre. Ils voulaient dénoncer les coupures des conservateurs dans leur programme, ainsi voué à disparaître.

Pour eux, cette fin annoncée de Katimavik est une grosse perte pour toute la société. «En plus des opportunités d’expériences de vie perdues, ce sont beaucoup de régions isolées qui perdent une aide importante qui n’a pas de prix», soutient Guillaume Voyer, coordonnateur de projet pour Montréal et l’Estrie. Les participants interrogés demeurent bien attachés au programme. «On veut que Katimavik continue pour les générations futures, pour former la jeunesse», conclut Paku Daoust-Cloutier, participant en 2009-2010.

Des milliers d’étudiants en grève se sont aussi joints à la marche. Le Service de police de la Ville de Montréal ne rapporte aucun incident lors de la manifestation d’hier.

Crédit photos: Olivier Lauzon

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