Les artiss et leurs carrés rouges

«Bravo aux étudiants! Continuez de faire la grève!»

C’est sur cette note revendicatrice qu’Yves P. Pelletier a clôturé la quatorzième soirée des Jutras le 11 mars dernier. Et si l’on peut affirmer hors de tout doute que c’était la soirée de Monsieur Lazhar, c’était également celle d’une prise de position dont je suis très fière. En effet, faute de tapis rouge des étudiants du mouvement contre la hausse ont profité de l’évènement pour distribuer des carrés rouges aux artistes désireux d’appuyer la cause estudiantine. Tout au long de la soirée, les spectateurs ont donc pu voir les artisans de notre industrie cinématographique arborer à leur boutonnière ce symbole feutré. Et une fois de temps en temps, entre deux remerciements, certains membres de la grande famille du cinéma québécois ont utilisé leur tribune pour encourager les quelque 145 000 étudiants en grève. Chaque fois, le Théâtre Saint-Denis a résonné sous les applaudissements des artistes d’ici.

Cette preuve d’appui n’a toutefois pas fait que des heureux. En effet, alors que le gala battait son plein, le débat faisait rage sur les réseaux sociaux. Et certains membres du Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec (MESRQ) s’en sont réellement donné à cœur joie. Ainsi, tout au long de la soirée – qui, je le rappelle, se veut être un moment de célébration de notre culture – on a pu lire les commentaires particulièrement virulents, voire haineux, que des membres de ce groupe pro-hausse publiaient sur leur page Facebook. En quelques minutes seulement, les cinéastes et comédiens qui ont fait le bonheur des Québécois tout au long de l’année sont devenus des maudits artiss péquiss et communiss. Des profiteurs grassement payés par l’argent des contribuables… Wô minute!

Chers étudiants «socialement responsables», je n’ai rien contre vous. Vraiment. Tout le monde a droit à son opinion. Même si je ne suis pas d’accord… Mais attaquer la communauté artistique, sérieusement, ce n’était pas votre meilleure décision. Je vous entends déjà vous dissocier des commentaires insultants. Et je vous le concède, il ne faut pas tous vous mettre dans le même panier. Malgré le non-sens de certains commentaires, je suis certaine que vous êtes nombreux à apprécier l’art et la culture de chez nous. Mais au final, ce que les gens retiennent de cet incident, c’est que les étudiants du MESRQ sont méprisants! Car, bien qu’il soit vrai que les propos disgracieux publiés sans gêne ont, par la suite, été censurés, il n’en demeure pas moins qu’ils ont été écrits… sur votre page. L’équation se fait alors simplement. De la même façon qu’un et un font deux.

Alors un petit conseil en passant. La prochaine fois qu’un gala récompense une communauté qui a du poids auprès du public, allez donc leur distribuer des carrés verts plutôt que d’insulter ceux qui ont choisi d’endosser la cause contre laquelle vous vous battez. Vous aurez l’air plus intelligent et sans doute moins insignifiant. Profitez-en au passage pour peaufiner vos arguments!

Florence Sara G. Ferraris
Chef de pupitre Culture
culture.campus@uqam.ca

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