Adoré par les médias, mais boudé par l’industrie, le dernier album de Philippe B mérite pleinement qu’on s’y attarde. Alors que beaucoup de musiciens québécois tournent en rond, le natif de Rouyn-Noranda s’est inspiré de Pierre Lapointe et d’Avec pas d’casque pour nous offrir le meilleur album québécois de l’année 2011.
Philippe B n’en est pas à ses premières armes. Variations fantômes est son troisième disque, ainsi que son meilleur. La première chanson débute avec une douce guitare acoustique jouée en arpège. Sa voix s’ajoute doucement à la mélodie, jusqu’à ce que celle-ci fasse place à un nuage d’instruments à cordes. La guitare et les cordes s’échangent les rôles ainsi jusqu’à la fin du morceau.
C’est cette tendance à surprendre l’auditeur qui donne tout son charme à Philippe B. La ballerine, par exemple, évolue comme le font bien d’autres chansons québécoises, avec un rythme et une mélodie de guitares acoustiques. Mais des synthétiseurs rappelant des bruits d’OVNI transforment une pièce ordinaire en un trois minutes bien imagé.
Les talents de compositeurs de Philippe B ne doivent pas passer sous silence. La merveilleuse Nocturne #632, où la voix n’est accompagnée que par un piano, aurait sa place aux côtés des meilleures chansons québécoises des dernières années. Bien que l’on y entend l’influence du premier album de Pierre Lapointe, la musique de Variations fantômes est moins «cool», moins parfaite et plus rurale, ce qui la distingue des œuvres plus urbaines de son ancien mentor.
Le jeune homme joue même avec l’autodérision avec des chansons comme Chanson pathétique et Mort et transfiguration (d’un chanteur semi-populaire). Autodérision dont est incapable une industrie qui ne remet aucun prix à un album de cette qualité.
Variations fantômes, Philippe B, Boundsound Records, 2011.
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