Norman Slater, artiste malgré lui

Une rétrospective de la carrière de l’architecte et designer montréalais Norman Slater sera présentée au Centre de design de l’UQAM du 24 novembre au 22 janvier prochains. Cette exposition est une occasion unique pour les curieux et amateurs d’art transgenre de faire la connaissance d’un homme dont le travail a presque sombré dans l’oubli.

Le commissaire de l’exposition et professeur à l’école de design de l’UQAM Réjean Legault a décidé de présenter la carrière de Slater il y a de cela plusieurs années. Il ne se doutait pas qu’il s’attaquait à un travail colossal, puisque Slater a laissé très peu de traces de son travail. «Quand j’ai dit à mes collègues que je préparais une exposition sur Norman Slater, la plupart d’entre eux n’avaient jamais entendu ce nom», explique le professeur.

Dans à cette exposition, on retrouve surtout des agencements de photos et des vestiges du processus créatif d’un architecte, d’un designer, d’un photographe. Impossible de dissocier l’homme de ses trois vocations, croit Réjean Legault. «Slater se considérait d’abord comme architecte, puis artiste par la force des choses. Son œuvre est très difficile à définir, son style est inclassable. C’est probablement pourquoi on a très peu médiatisé son travail.» Le parcours atypique de Slater, de sa formation d’architecte à l’Université McGill à ses cours de design à Londres et à Chicago, l’a conduit à mener des projets très différents qui ont contribué au développement de la ville de Montréal. Dans les années 60, Slater a développé le système d’éclairage de la Ronde et de l’Esplanade de la Place-des-arts et a élaboré la normalisation des matériaux des stations de métro. Son travail le plus connu demeure toutefois la création de la façade de la salle Wilfrid-Pelletier. L’influence de Slater est donc à la fois invisible et incontournable. «Bien entendu, les systèmes d’éclairage de la Ronde et de la Place-des-arts n’existent plus aujourd’hui, de même que certaines parties des quais de métro qu’a imaginé Slater, explique le commissaire. Le propre du travail des designers, c’est que leur travail disparaisse avec le temps.»

Afin de faire connaître aux Montréalais ce qu’il reste de l’influence architecturale de Slater, l’exposition offre aux visiteurs un dépliant indiquant les endroits où il peut encore admirer le travail de l’artiste ainsi qu’une courte description de ce que l’on y trouve.

Victime de son talent
Si Réjean Legault a eu de la difficulté à documenter la vie professionnelle de Slater, son collègue Mark Poddubluk a eu la chance de connaître l’homme comme professeur. C’est dans les années 80 que Mark Poddubluk, désormais professeur d’architecture et design à l’UQAM, rencontre Norman Slater à l’Université McGill. Le souvenir qu’il garde de son défunt professeur est celui d’un homme curieux et très impliqué dans son travail. «Les architectes hésitent souvent à s’impliquer sur un site de construction et n’ont pas une bonne connaissance des matériaux. Ce n’était pas le cas de Slater. Il s’impliquait dans chaque étape du processus de création. C’est probablement ce qui a limité sa production.» Le professeur ajoute que Slater avait une façon sophistiquée d’envisager son travail, auquel il apporte un questionnement philosophique. «On a perdu l’idée de “faire” l’architecture. Maintenant, on “assemble”. En regardant comment travaillait Slater, on peut se demander si l’on est vraiment conscient de ce que l’on fait.»

Le vernissage de l’exposition Norman Slater: leçon de design aura lieu le 23 novembre à 18h à la salle d’exposition du centre de design de l’UQAM et y sera présentée jusqu’au 22 janvier 2012.
Crédit photo: Camille Carpentier

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