Protestation gastronomique

Le Groupe de recherche d’intérêt public de l’UQAM (GRIP) se fait de nouveaux alliés pour la création de sa cuisine collective. L’association montréalaise Food Not Bombs appuie le projet, bloqué par le manque de locaux, en distribuant chaque lundi depuis le 21 mars des repas gratuits dans les murs de l’Université du peuple.
 
L’organisme sans but lucratif Food Not Bombs (FNB), qui sert des repas au coin de St-Denis et Ste-Catherine depuis 15 ans, souhaite accélérer le mouvement. «J’ai contacté le GRIP pour savoir où en était le projet et ils m’ont dit qu’il était sur la glace, les derniers étudiants qui s’en chargeaient venaient de finir leurs études… Je me suis donc dit que FNB pourrait les aider», indique Mariannick Mercure, étudiante à la maîtrise de sciences politiques et militante au FNB. Sur un stand improvisé dans la cafétéria du pavillon Aquin, elle et ses confrères militants offraient gratuitement lundi dernier des sandwichs à l’humus, poivrons et fromage, accompagnés d’une salade d’haricots. Ces repas végétariens ont séduit plus de 150 personnes selon les organisateurs. La Coopérative sur Généreux, lieu de rassemblement du FNB, avait préparé les mets avec des aliments issus de dons personnels ou de partenariats avec des commerçants. «Ce sont des fruiteries et boulangeries artisanales du Plateau», explique-t-elle. Ces bienfaiteurs, qui veulent rester anonymes, se séparent de leurs fruits et légumes légèrement abimés ou flétris, car personne ne les achèterait.
Un chemin semé d’embûches
Même si l’initiative du FNB vise à appuyer le projet de cuisine collective, le GRIP veut éviter d’y être associé directement. L’organisation uqamienne a même demandé au FNB de ne pas s’installer à son kiosque officiel pour distribuer la nourriture. «Nous sommes vulnérables aux plaintes syndicales, alors qu’eux ne sont pas liés à l’UQAM», justifie Philippe Saint-Hilaire-Gravel, membre de l’exécutif du GRIP. Dû à la présence de la cafétéria et des cafés étudiants, la distribution de nourriture à l’UQAM est particulièrement réglementée.
 
«On va dire qu’on va partager notre gros lunch», esquive Mariannick Mercure, en déplaçant le bac à nourriture sur une table de la cafétéria pour ne pas se faire embêter par les agents de sécurité. «S’il fallait que l’administration nous empêche de donner de la nourriture, je suis certaine qu’on aurait alors une bonne couverture médiatique, ce qui ne serait certainement pas à l’avantage de l’UQAM», ajoute-t-elle.
 
«Le projet a obtenu l’appui du Comité à la vie étudiante», indique Réjean Langlois, conseiller à la vie étudiante. Il considère néanmoins que le projet de cuisine collective n’est pas près de voir le jour. «Ce qui bloque, c’est l’obtention d’un local, surtout qu’une cuisine, ce n’est pas évident à trouver. Le plan directeur immobilier pour les prochaines années est en négociation, le GRIP n’aura pas de réponse avant un an.»
 
Le GRIP a déjà en tête l’endroit parfait pour installer sa cuisine collective. «Il y a une ancienne cafète désaffectée dans le pavillon Judith-Jasmin. Ça serait parfait pour ce projet» explique Mariannick Mercure.  
 
À Concordia, la cuisine collective People’s Potato fonctionne depuis 1999. Elle dispose d’un local offert par l’Université, et délivre entre 300 et 500 repas végétariens gratuits par jour. Quant au financement, Gustavo Rodriguez, membre du collège de la cuisine et étudiant en sociologie de Concordia explique que «l’Université nous a permis de demander par référendum si les étudiants étaient prêts à payer 25 cents par crédit pour l’organisation de la cuisine. Ils ont accepté et cela nous permet d’avoir des fonds chaque année.» Un projet semblable existe aussi à l’Université McGill. «L’UQAM est à la traîne, insiste Mariannick Mercure. Les gens doivent savoir qu’ailleurs, ça se fait.»

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